Ex Nihilo

En février 2015, quatre personnes reçoivent sur leur portable un email énigmatique qui les pousse à se contacter et à créer un groupe scientifique. Après trente années d’études initiées par les termes de ce message, le quatuor a rendu possible, après expérimentation sur une limace, le voyage dans le temps. Toutefois, il devient nécessaire pour les scientifiques de passer à l’étape supérieure en expérimentant leur trouvaille sur un être humain. Faute de volontaires, ils font appel à Martin Mac’Mouche, un individu qui a été condamné par la justice et qui purge sa peine dans un centre pénitentiaire. Fort de l’appui forcé de ce dernier, les quatre savants vont tenter de découvrir si le fait d’intervenir dans le passé ne crée pas de paradoxe temporel. Pour cela, Mac’Mouche va devoir assassiner son père au moment où celui-ci rencontre sa mère et avant qu’il soit conçu. Malheureusement, cette mission dans le passé ne va pas se dérouler comme prévu et va être à l’origine d’autres excursions temporelles qui vont provoquer plusieurs paradoxes imprévus.

Par phibes, le 7 décembre 2015

Notre avis sur Ex Nihilo

C’est sous l’égide d’une expression latine qui signifie « à partir de rien » que Jean-François Kierzkowski (La suite de Skolem T1, Escles…) et Stéphane Douay (Neige et roc, Commandant Achab, Cavales…) s’associent pour nous présenter une aventure temporelle qui use d’une thématique assez utilisée dans la bande dessinée (Harding was here de Midam, Le piège diabolique de EP Jacobs, Vortex de Vince et Stan, Les naufragés du temps de Gillon…) et qui, ici, se veut mêler fort agréablement science-fiction et humour délirant.

En effet, après une présentation contemporaine d’une planche, donc très rapide, qui prendra tout son sens au cœur du récit, nous faisons un bond en avant dans le temps pour retrouver, trente ans plus tard, les quatre protagonistes, dans une station spatiale, à l’origine d’une découverte extraordinaire, celle concernant le voyage dans le temps. A partir de cette ouverture qui permet de donner une tonalité très légère en présence de sacrés hurluberlus (un général autoritaire, trois scientifiques complètement décalés, un cobaye éperdu et un super flic destroy), on ne tarde pas à devenir les témoins privilégiés d’une succession d’expériences temporelles qui vont, évidemment, connaître un certain désastre et bousculer la destinée de notre anti-héros, Martin Mac’Mouche.

A cet égard, l’on concèdera que Jean-François Kierzkowski tire remarquablement les ficelles de son aventure futuriste, alignant les sept expériences auxquelles est soumis le pauvre Martin dans une progression maîtrisée et surtout dans des interactions casse-têtes bien pesées. Pour cela, le scénariste nous introduit dans une sorte de boucle infernale délirante qui tourne autour d’un seul site (le café des 12 bonobos en 2015) et qui a pour avantage d’y faire vivre les différentes escapades expérimentales croisées de Martin. Sous le couvert d’un exercice pas si évident que ça pour être architecturé, on pourra accorder bien volontiers que le scénariste s’en sort pas mal. Il va de soi que ce méli-mélo temporel ubuesque reste le prétexte de mettre en avant une réelle absurdité (les missions sont complètement folles) et de fait, remplit sa mission de nous faire bien marrer.

Côté dessins, le travail semi-réaliste de Stéphane Douay se laisse apprécier sans aucun problème. L’artiste nous offre sur près de soixante planches une évocation dynamique qui confirme un certain savoir-faire au niveau des cadrages, de l’encrage et des expressions. La folie scientifique est palpable et les incursions croisées de Martin sont bien restituées.

Une histoire complète habilement structurée qui a la particularité de bien nous faire voyager. Un pur divertissement paradoxal à découvrir aux éditions Pirate(s).

Par Phibes, le 7 décembre 2015

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