L'Etrange affaire des corps sans vie

Octobre 1898, un premier corps sans vie, premier d’une longue série, est retrouvé, victime d’un meurtre sanglant dont le cadavre finit à l’hôtel Dieu afin d’être disséqué. C’est ainsi que Adam, étudiant en médecine, se retrouve lancé sur cette affaire.
Il commence à enquêter de sa propre initiative devant l’inefficacité de la police, puis réclamera et obtiendra carte blanche sur l’affaire.
Le Corbeau, individu à la morale douteuse, se retrouve incriminé dans ces crimes qui semblent commis par un tueur en série.
Persuadé de son innocence, Adam va réussir à le faire libérer et va s’allier à lui afin de trouver le fin mot de cette étrange affaire de corps sans vie.

Par VincentB, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur L’Etrange affaire des corps sans vie

Régis Hautière, scénariste prolifique des éditions Paquet (Le Loup, l’agneau et les chiens de guerre, Le Dernier Envol, Au-delà des nuages…) s’attaque ici aux genre policier dans la lignée des Conan Doyle, romancier justement cité en début de l’œuvre.
Il est accompagné au dessin par David François, qui s’est illustré récemment sur la série Vilaine.

L’histoire s’apparente aux autres du genre, avec le personnage du jeune médecin (un peu comme dans Sleepy Hollow du génial et déjanté Burton) qui cherche à élucider une affaire de crime notamment grâce aux moyens qu’offre la science moderne (de l’époque, bien entendu).
Si l’histoire ici présente diffère un peu des autres du genre, c’est par le personnage du Corbeau, assez atypique mais dont l’histoire personnelle reste un peu trop superficiellement abordée.
Le lieu de l’action est aussi différent des autres romans ou films du genre (Le Pacte des Loups, si on peut l’apparenter au genre, excepté), puisque pour une fois l’action se passe en France.
La ville où se déroule l’action est largement inspirée d’Amiens, et l’on peut s’amuser à retrouver certains lieux réels comme la grande horloge. Cet élément apporte une part d’authenticité appréciable tout comme le patois parlé par les protagonistes prolétariens.
L’enquête est assez bien menée, mais quelques éléments pourront frustrer le lecteur. Par exemple, un des indices primordiaux pour l’enquête qui aurait logiquement dû être annoncé au lecteur au début de l’histoire ne fait son entrée que tardivement, par ailleurs il sera bien difficile au lecteur de résoudre lui-même cette étrange affaire des corps sans vie sans l’aide d’Adam, le personnage principal, qui comprend, lui, miraculeusement tout.
Malgré tout, le dénouement est original et bien pensé, même s’il n’est pas forcement bien amené. Des indices sont quand même laissés ça et là au lecteur et le fait que l’on ne navigue qu’au sein d’un groupe de personnages bien vite défini limite les interrogations. Le nombre de heureux hasards dont est victime Adam et qui lui permettront de découvrir le fin mot de l’affaire nous mettent également sur la voie.
Le contexte historique propre à ce genre d’histoires est respecté, les auteurs font même d’habiles références à l’époque en mentionnant par exemple Freud, Jack l’éventreur ou des événements historiques importants.

Au niveau graphique, on ne peut s’empêcher d’éprouver un regret : celui de la minimalisation des planches, malgré tout nécessaire afin de rendre ce livre abordable financièrement (car il y a quand même dans les 160 planches !).
Ce sacrifice aura pour tort de ne pas rendre hommage au travail de David François, malgré le fait que l’auteur ait rendu un superbe travail pour ce livre (il n’y a qu’a voir la différence entre les planches originales et la version imprimée !).
Car si le style manque parfois de précision ou de détail, il faut bien avouer que l’auteur a su instaurer tout un univers graphique un peu burtonien fort appréciable !
Il conjugue ainsi bonnes idées (les phylactères qui se cognent à la tête des personnages, les cases toutes secouées par une explosion) faisant parfois penser à du cartoon et des effets de style personnels qui apportent une certaine fraîcheur (des éléments pas forcément importants mais qui contribuent à l’univers graphique, comme les nuages et la fumée, la représentation des pensées, les nombrils…).
Les visages sont assez caricaturaux et encore une fois parfois cartoon, le Corbeau a par exemple un menton à la "Dalton".

L’histoire est intéressante, Hautière la raconte efficacement, de son côté, François fournit un travail très appréciable avec un univers personnel assez développé, dommage que les pages soient si réduite et donnent ainsi un effet "fait sur Paint" au graphisme.
Il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’un bon livre très distrayant avec un dénouement original et des personnages attachants.

Par VincentB, le 15 juin 2008

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