ÉTOFFE DES LÉGENDES (L')
L'Obscur

En septembre 44, à Brooklyn, un petit garçon dort du sommeil du juste. Toutefois, le grincement de la porte du placard de la chambre, accueilli par le grognement de son chien Scout, le réveille subitement. De la penderie, jaillissent des tentacules noirs qui entravent le garçon et l’entraînent en son sein. Ce terrible événement n’est pas passé inaperçu des nombreux jouets dont est constituée la chambrette. Pour eux, il ne fait aucun doute que le croquemitaine s’est emparé de leur maitre. Aussi, après un rapide conciliabule autour du soldat de plomb appelé le colonel, il est décidé de porter secours au petit garçon. Une escouade est constituée, composée de Percy le cochon, de Maxwell l’ours, Harmony la danseuse, Quakers le canard, Bouffon le polichinelle, Princesse l’indienne, le colonel et Scout. Ensemble, ils se décident à aller dans l’Obscur et à livrer déjà leur première bataille contre leur sombre adversaire. Le petit garçon pourra-t-il être sauvé ?

 

Par phibes, le 2 novembre 2011

Notre avis sur ÉTOFFE DES LÉGENDES (L’) #1 – L’Obscur

Les éditions Soleil proposent via leur collection Soleil US Comics une publication en français de la série originale réalisée à plusieurs mains de The stuff of legend, parue initialement en 2010. Cette initiative a pour but d’étendre la notoriété de cette belle histoire par delà les frontières américaines en le soumettant au lectorat français qui, à coup sûr, répondra favorablement à un appel aussi enchanteur.

En effet, ce premier opus nous ouvre les portes de l’Obscur, un univers onirique qui peut se révéler sombre mais qui reste des plus séduisants puisqu’il touche au domaine de l’enfance et à ses rêves. A ce titre, le duo composé de Mike Raicht et Brian Smith initie, à partir d’une évocation basique de départ (celle d’un enfant qui dort), une quête en vue de la sauvegarde d’un enfant, menée par ses propres jouets. Le concept est émotionnellement fort par le fait qu’il s’abreuve de l’ambiance d’histoires infantiles et mêle avec délicatesse légendes (celle du croquemitaine en particulier), aventures fantastiques à la Lewis Caroll, épopées guerrières, interactions de nombreux personnages issus d’époques et de lieux différents…

L’aventure échappe à toute banalité dans ses entournures, dans la manière de démarrer dans un premier temps « normalement » pour basculer rapidement dans un imaginaire qui ne peut que se déclarer que quand l’humain a les yeux fermés. A cet égard, ce renversement scénique que les plus jeunes ont pu vivre par ailleurs dans des productions tels que Toy Story est enchanteur et donne la primauté à des êtres de plomb, de chiffon, de peluche et de bois qui se trouveront morphologiquement transformés. Fort d’une émulation aventureuse suscitée par une certaine fidélité, la quête s’engage sur un chemin tortueux, parfois impitoyable, faisant appel à une thématique multiple idéologique tels l’hostilité, la trahison, l’abnégation, le dévouement, la ségrégation, la manipulation…

Au niveau des graphiques, Charles Paul Wilson III nous assure d’un parcours superbe. Son trait enjôleur, porteur d’une certaine douceur d’exécution par l’usage d’un encrage monochrome aux effets de crayonné, donne naissance à un univers bariolé fait de poésie enfantine et également d’une certaine violence contenue. L’artiste travaille en usant d’un réalisme fouillé et savamment composite très plaisant qui a la particularité d’attiser le regard, non sans éveiller quelques effluves nostalgiques (les souvenirs de notre enfance). Ses intervenants qu’il croque malicieusement sont, dans leur grande différence physique et caractérielle, d’une grande authenticité que l’on prend plaisir à suivre dans leurs pérégrinations.

Une première partie d’un conte à l’imaginaire fertile, mettant en scène une quête frémissante aux ambiances enfantines et poétiques à ne rater sous aucun prétexte.

 

Par Phibes, le 2 novembre 2011

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