ESPION DE CÉSAR (L')
Memento mori

En 60 av JC, sur les terres enneigées d’Helvétie, un petit parti isolé de germains s’apprête à fondre sur une troupe d’autochtones menée par Sanian, la fille du chef du village situé non loin de là. Surgit alors un homme massif qui défait sans vergogne les assaillants. Heureuse que ses compagnons et elle-même soient indemnes, Sanian invite son sauveur, Coax, à se rendre au village pour lui rendre honneur. Après une nuit de repos tourmentée, le guerrier se retrouve face au chef Divico. Il met en garde ce dernier de l’invasion très prochaine de grosses troupes germaines et à ce titre, lui conseille plutôt que de se battre de quitter leur terre. Surpris par ses affirmations, Divico décide de faire le tour des autres chefs de village. Est-ce que Coax, ce guerrier au physique impressionnant et au passé tumultueux, sera entendu ? Et que cache sa démarche bien singulière ?

Par phibes, le 6 avril 2021

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Notre avis sur ESPION DE CÉSAR (L’) #1 – Memento mori

Jean-Pierre Pécau continue à gonfler son impressionnante bibliographie en rajoutant à son actif une nouvelle saga qui se nourrit du genre qu’il affectionne tout particulièrement, l’Histoire. Le scénariste de L’Homme de l’année, Wonderball, Jour J et bien d’autres séries vient ici nous immerger dans les ambiances barbares de la future guerre des Gaules, avec comme représentant charismatique Coax, un guerrier gaulois que Robert E. Howard aurait assurément apprécié.

Fort de ce concept, l’on découvre ce personnage au travers d’une intervention qui déjà donne la tonalité de cette aventure. Jean-Pierre Pécau offre dès le départ un signal fort et nous place dans le cadre d’une invasion germaine qui menace l’Helvétie. A l’appui d’un séquençage dynamique qui a le privilège d’étoffer l’intervention de ce guerrier gaulois, l’on suit ce dernier dans sa démarche, au contact d’un petit peuple qui a une décision à prendre. En guise d’intermède, le récit s’attache à fouiller le passé de Coax et de découvrir, par le truchement d’une rencontre forte, sa véritable personnalité et ses tourments personnels.

Il en ressort un album plein de promesses, qui campe bien le titre de cette saga. Porté par son lot de surprises, d’actions barbares et de trahison, il trouve sans contestation le moyen d’attirer l’attention et de la suspendre aux pérégrinations fortes du personnage principal. A cet égard, Coax, guerrier dans sa nature profonde, nous entraine dans des péripéties qui ne laissent que peu de place à la tendresse, se faisant fort de jouer sur une fibre amère, cruelle, attisée par un César ô combien fin manipulateur.

On pourra saluer la prestation de Fafner qui retrouve le scénariste après avoir partagé ensemble un tome de L’Homme de l’année (T14) et Jour J (T23 et 28), toujours dans des dispositions historiques de l’Antiquité. A l’instar de Jean-Marc Ponzio, l’artiste s’appuie sur une recherche graphique quasi-photographique, donnant dans ce cas une vision à dominante sépia presque réaliste de cette fresque. La barbarie de cette époque est superbement retranscrite via des scènes de combats singulièrement sanglantes qu’il gère avec brio. Ses personnages sont aussi impressionnants, en particulier Coax (à la morphologie de Canon) et César, musculeux et actifs. Les décors, quant à eux, sont de choix et offre un environnement parfait aux protagonistes.

Une ouverture percutante sur les pérégrinations antiques d’un personnage à la solde de César qui n’est pas du genre à garder les bras croisés et qui nous fait espérer d’autres péripéties prochaines.

Par Phibes, le 6 avril 2021

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