L'espace d'un soir

Installés depuis à peine une semaine dans un coquet appartement, les voisins du deuxième étage (sur trois) pendent la crémaillère et invitent à cette occasion les autres occupants de l’immeuble. L’espace d’un soir, les destins de ces voisins vont s’entremêler ; des voisins qui, pour certains, ne sont pas si étrangers que ça aux autres…

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

Notre avis sur L’espace d’un soir

Derrière son titre jouant déjà avec les notions de temps et d’espace, cette lecture est un régal. On entre dedans comme on s’installerait dans un confortable siège de salle de théâtre. Le casting est connu : sur la quatrième de couverture apparaissent tous les protagonistes. Mais les rôles restent encore mystérieux à ce stade et bien inspiré celui qui saurait dire d’avance ce de quoi il va être témoin !

Portes qui s’ouvrent quand d’autres se referment simultanément, cage d’escalier « colonne vertébrale vitale » entre ces appartements que l’on va visiter au cours de la lecture, voilà le décor, planté pour une batterie de personnages aux caractères, aux ambitions et aux idées bien différentes.

Le concept de cette BD est tout simplement génial, proposant différents axes de lecture : chaque page est partagée en quatre strips représentant, chacun, un étage sur lequel on peut donc avoir l’œil. Vous savez, comme ces dessins de bateaux, dans les livres documentaires, où une partie de la coque s’efface pour qu’on puisse voir, représenté, tout ce que les cales peuvent contenir… Ainsi, on peut choisir de lire horizontalement sur la largeur d’une double page pour passer à la ligne d’en dessous ou bien lire plus classiquement page par page (La lecture exclusive de ce qui se passe à un étage en particulier ne permettrait pas une bonne compréhension, par contre.)

Et c’est là qu’on peut alors apprécier ce travail d’horloger qu’a dû être celui de Brigitte Luciani, la scénariste : en constatant que, comme dans la plus millimétrée des comédies, tout est réglé comme du papier à musique : les transitions entre les étages, que ce soit par des textes, des mouvements, des onomatopées, etc… se font à merveille. Vraiment, bravo !

L’illustratrice au pseudo intriguant (Colonel Moutarde) a su donner à tous les personnages des traits qui font que jamais on ne s’embrouille. Ce n’était pas gagné quand on regarde le nombre de protagonistes, mais son style de dessin très moderne, tout en rondeurs, associé à la composition des planches rend tout très fluide et très compréhensible.

On a sans doute une petite idée de ce qui peut arriver dans ce genre d’exercice de portraits croisés. Et c’est vrai que certaines séquences ne seront pas surprenantes. On aura toutefois de nombreuses surprises, et c’est ce qui finit de donner au tout, à cette terrible BD, son label de qualité.

Je ne vous en dis pas plus. Même pas sur le Chat Botté ou sur cette rançon que M. Orbay devra remettre… Je vous laisse tout simplement en vous assurant que L’espace d’un soir est une révélation, un chef d’œuvre en son genre !

Par Sylvestre, le 1 février 2007

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