L'épouse yéménite

 
Journaliste et documentariste ayant réalisé des reportages dans diverses zones de conflits, l’Italienne Laura Silvia Battaglia s’est rendue à plusieurs reprises au Yémen et en est tombée sous le charme avant d’y trouver l’homme avec qui elle partage désormais sa vie. Dans L’épouse yéménite, elle nous parle de ce pays, de gens qu’elle y a rencontrés, d’expériences qu’elle y a vécues… Elle nous en ouvre les portes en s’autorisant le recours à l’humour sans omettre toutefois de nous en rappeler quelques dangers qu’on lui associe malheureusement automatiquement.
 

Par sylvestre, le 17 novembre 2018

Notre avis sur L’épouse yéménite

 
Les gens ne savent généralement pas grand-chose du Yémen. Tout juste se rappellent-ils éventuellement que c’est un pays qui jusqu’en 1990 était coupé en deux, avec un nord et un sud, et avec deux capitales : Sana’a et Aden. Et que depuis, la stabilité ne s’y est jamais vraiment installée durablement…

L’image la plus connue, la plus représentative du Yémen, c’est sans doute ces superbes maisons décorées dont s’enorgueille Sana’a ! Mais ce pays traîne malheureusement plutôt et surtout une mauvaise réputation. Il a été le cadre de très nombreuses prises d’otages. Il a été le théâtre de l’histoire de Nadia et Zana Muhsen qui a été portée à la connaissance du grand public dans Vendues !, un livre qui avait profité, à l’époque de sa sortie, du succès du Jamais sans ma fille de l’Américano-iranienne Betty Mahmoudy. Puis il a été associé à Ben Laden et à Al-Qaïda ; pour n’être aujourd’hui que synonyme de guerre et de famine à cause du terrible conflit qui l’oppose à sa puissante voisine l’Arabie Saoudite…

Le Yémen est donc clairement sorti de la liste des pays que les gens souhaitent ou peuvent visiter, un pays qui s’efface des consciences et des préoccupations collectives pour ne plus être montré que sous le prisme de l’horreur.

Heureusement donc que des livres paraissent qui nous rappellent que cette petite république existe, et L’épouse yéménite, de Laura Silvia Battaglia et Paola Cannatella en est un ! Loin d’en faire un portrait idéalisé puisque la journaliste qui en est la scénariste nous dresse une liste de choses affolantes qui "sont" aussi le Yémen (trafic d’enfants, attentats, enlèvements d’étrangers, poids des traditions…), cette bande dessinée nous offre malgré tout un regard intérieur, celui d’une femme qui aime énormément ce pays, et nous parle de gens qu’elles y a rencontrés et de belles choses qu’elles y a vécues.

C’est en treize chapitres que le Yémen de Laura Silvia Battaglia nous est conté, treize chapitres tous aussi intéressants les uns que les autres pour les informations qu’ils nous apportent (précieuses car rares), et qui ont été mis en images et en couleurs par Paola Cannatella dont le dessin minutieux place au milieu de superbes décors (architecture, détails des tenues et des intérieurs…) des personnages dédramatisant le propos grâce à leur anatomie qui vous fera peut-être penser vous aussi à celles des personnages… de la BD Noob !!! (Oui, vous avez raison : "Absolument rien à voir !")

Vous avez aimé La voiture d’Intisar (Riera et Casanova, Delcourt), vous aimerez L’épouse yéménite ! Il est bon d’être curieux et de s’ouvrir au monde, de ne pas se contenter des nouvelles venant d’une poignée de pays qui trustent nos actualités. En choisissant de faire traduire en français cette bande dessinée, les éditions Des ronds dans l’O se font l’une de ces petites voix qui portent haut des messages venus d’ailleurs et oeuvrent au respect de la diversité culturelle en se faisant le relais de témoignages indispensables.

A noter : cahier supplémentaire en fin d’ouvrage avec textes et très belles photos.
 
 

Par Sylvestre, le 17 novembre 2018

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