Entrez dans la danse

En juillet 1518, la cité strasbourgeoise n’est que l’ombre d’elle-même. En effet, totalement privée de ses ressources principales depuis 4 ans à cause d’intempéries successives, la disette et la famine, les épidémies qui s’ensuivent, provoquent des coupes sombres dans la population sans épargner personne. Le malheur veut que certaines familles noient ou mangent leurs enfants. Alors que l’affliction se répand dans toutes les chaumières, un mal étrange s’empare de certains habitants comme Enneline et Jérôme. Ces derniers, hébétés et marqués par la douleur la plus vive, se mettent à danser au point de ne plus s’arrêter. Quel est donc ce mal qui fait guincher jusqu’à l’épuisement voire la mort ? Comment peut-on stopper ses terribles effets ? Les autorités municipales et l’église auraient-elle la solution ?

Par phibes, le 15 septembre 2019

Publicité

Notre avis sur Entrez dans la danse

Assurément inspiré par l’univers historique campé d’une façon décalée par l’écrivain Jean Teulé, Richard Guérineau revient pour la troisième sur les étalages avec une nouvelle adaptation en bande dessinée d’un de ses romans. Après Charly 9 et Henriquet, c’est au tour d’Entrez dans la danse de passer sous la férule magique de cet artiste complet à l’origine de la partie illustrée des Chant des Stryges, Syndrome de Hyde, Asphodèle…

Cet album est l’occasion de traiter en un seul tome un fait historique qui a réellement grevé Strasbourg au 16ème siècle. Certes bien méconnue et surtout pour le moins surprenante, l’épidémie contée appelée la peste dansante a la particularité d’être authentique et d’avoir été sortie de l’oubli par un Jean Teulé très friand de ce genre d’intrigue grinçante.

Richard Guérineau nous en livre une version illustrée, assurément dramatique dans le fonds mais saupoudré d’un humour subtil pleinement jouissif. Découpant le récit avec une grande habilité, l’artiste joue la danse de la mort sur un découpage actif. Il en dévoile l’intrigue, fait la part belle aux conséquences malheureuses de ce mal mystérieux, exhibe les interrogations et les réponses folles des instances municipales et religieuses et révèle enfin le remède douloureux. Le tout est servi par un choix délectable de scènes chocs et de dialogues dont certains, incisifs, provoqueront indubitablement le rire malgré le drame ambiant.

De plus, à la faveur d’un trait ô combien éprouvé et d’une colorisation impeccable, flirtant avec la caricature, l’artiste croque cette fresque historique avec force et envie de susciter émotions et rires grinçants. Son dessin reste des plus efficaces historiquement parlant. Les décors strasbourgeois sont bien inspirés et les personnages qui y dansent ou déambulent bénéficient d’une représentation pour le moins concluante.

Une adaptation des plus réussies (bravo Monsieur Guérineau !) qui donne une affreuse envie non pas de danser mais de se plonger dans le roman de Jean Teulé.

Par Phibes, le 15 septembre 2019

Publicité