ENFANTS DE JESSICA (LES)
Le discours

Pour avoir exécuté un travail social extraordinaire lorsqu’elle était maire de New York, Jessica Ruppert a intégré l’équipe gouvernementale démocrate et s’est vu nommée au poste de secrétaire aux affaires sociales. Aujourd’hui, cette dernière se prépare à dévoiler devant le Congrès son vaste programme réformiste qui compte pas moins de 200 mesures. Autant dire que le discours est des plus attendus, surtout par ceux qui subissent la crise économique que traversent actuellement les USA. Malheureusement, il n’en est pas de même pour ceux qui se complaisent dans le système présent et qui ne sont pas prêts à attendre les idées quelque peu révolutionnaires de la "super secrétaire". D’ailleurs, certains (en particulier les Logans) sont prêts, pour cela, à le faire savoir et à le démontrer de la pire des façons.

 

Par phibes, le 8 mars 2011

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Notre avis sur ENFANTS DE JESSICA (LES) #1 – Le discours

Quelques 9 années après la fin de la saga du Pouvoir des innocents, Luc Brunschwig et Laurent Hirn ont décidé de replonger dans les ambiances politiques mêlées d’humanisme et de cruauté distillées par cette dernière. Par ce biais, ils viennent donner en quelque sorte une suite à celle-ci. Pour cela, ils quittent l’éditeur d’origine Delcourt pour intégrer la maison Futuropolis.

Le dépaysement ne sera pas total puisque l’on retrouve nombre de personnages qui ont déjà sévi précédemment. Amy, Xuan-Mai, l’ombre de Joshua Logan et enfin (pour ne pas dire surtout) Jessica Ruppert. Cette dernière, véritable symbole sociétal, a pris du grade puisqu’on la retrouve au haut poste de ministre des Affaires Sociales et se voit ainsi traverser une crise sans précédent.

En grand stratège, Luc Brunschwig repart dans des circonvolutions antagonistes, partagées entre le bien et le mal. Ce premier opus, au demeurant étonnamment court puisqu’il s’étale sur 38 planches, pose les bases de l’intrigue et se veut faire l’évocation d’une société américaine exsangue, touchée par une crise financière profonde contre laquelle Jessica Ruppert a semble-t-il un remède. Mais ce remède n’est pas assimilable par tout le monde et produit des effets indésirables. A cet égard, la sensibilité des propos de la ministre est on ne peut plus perceptible et vient tinter généreusement notre conscience. Tout comme les formes de rejet qui se veulent distiller une amertume inquiétante.

Ainsi, le scénariste ne nourrit pas son récit que d’espoir puisqu’il en vient à évoquer dans une profondeur extraordinaire un côté sombre qui fait peur. Tout d’abord, c’est la fraîcheur des pairs à Jessica qui tempère les aspirations de celle-ci. D’autre part, ce sont les actes barbares des hordes Logans qui plombent les attentes d’une grande frange de la population. A cet égard, on admirera le lien créé par le scénariste avec l’ancien sergent du premier cycle.

La douceur graphique que l’on a pu rencontrer dans la série Le sourire du clown, se ressent également dans cet opus. En effet, Laurent Hirn réussit une fois de plus à nous entraîner dans son univers pictural empli de détails et colorisé plus conséquemment que d’habitude, à la fois délicat et dur. Le réalisme dont son trait est porteur se suffit à lui-même. Par ce biais, la société américaine se révèle dans toutes ses strates, des territoires miséreux à la chambre des députés en passant par la rue. La beauté et l’expressivité de ses personnages est imparable et sensibilise évidemment le lecteur.

Un premier épisode excellent sur une vision sociétale qui a de quoi intriguer, porté par un tandem qui n’a pas fini de nous étonner.

 

Par Phibes, le 28 mars 2011

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