ENFANT DE L'ORAGE (L')
Où portent les courants

Laith a délaissé ses petits compagnons et la cité aérienne de Vuenthal pour se diriger vers Nâmo afin de découvrir enfin ses origines. Arrivé sur place, il est arrêté et condamné aux travaux forcés. Lors d’une escapade, il retrouve, par un heureux hasard, Dalün, l’apprenti médecin, qui lui apporte une nouvelle fois son aide dans sa quête. Pendant ce temps, le revêche Algärd, ancien ministre des armées de la république de Frätt, limogé, devenu Président, assaille par vengeance la cité de Médillum. La trahison de Fïnrhas, le conseiller-médecin du royaume d’Onfidehm, va permettre à l’assaillant d’assouvir sa vengeance.

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur ENFANT DE L’ORAGE (L’) #3 – Où portent les courants

Enfin, je dis bien enfin, le troisième épisode de l’attendrissante série "L’enfant de l’orage" arrive sur les gondoles de nos chers libraires. Il aura fallu attendre patiemment quatre années (le précédent épisode date de février 2005) pour connaître les terribles origines du petit orphelin de la forêt de Tildwen, Laïth.

Manuel Bichebois mène parfaitement la barque scénaristique et prend un cap décisif qu’il convient d’apprécier à sa juste valeur. Comme à son habitude depuis le début de l’aventure, il relate, de front, les différentes péripéties survenant à chaque personnage clé de sa saga qui ont croisé le chemin de l’atypique Laith. Ce dernier, livré à lui-même depuis l’hécatombe de son village adoptif, suit sa quête pour lever le lourd secret de ses origines. Fïnrhas, quant à lui, poursuit ses expérimentations macabres au nom d’un amour paternel qui vire à la folie. Enfin, Algärd n’en finit pas de se vautrer dans le mal et assume de manière destructive ses ambitions de despote.

Dans ce déchaînement de violence physique et morale, la vérité que l’on espère depuis "Pierres de sang", nous est divulguée crûment. Grâce à une dernière rencontre, Laith apprend ce qu’il est exactement. De fait, la boucle est bouclée et s’enchaîne parfaitement aux péripéties antérieures. La révélation est surprenante, implacable voire tragique et tend à dire que Manuel Bichebois a gagné, d’ores et déjà, son pari, celui d’une part de mener à bien son projet et d’autre part de rendre attirant son personnage au point de nous attendrir.

Par ailleurs, l’auteur a su nous immerger dans un univers certes onirique mais empreint d’une certaine poésie juvénile, où les sentiments (les bons et les mauvais) semblent avoir leur place. L’opposition entre la simplicité de Laith et le dessein morbide des adultes tels Fïnrhas et Algärd, est forte et dénote une envie flagrante de dénoncer un monde sans concession, opportuniste et sans scrupule.

Dans la partie picturale, Didier Poli fait preuve d’un talent de dessinateur remarquable. Son trait, un peu moins sophistiqué dans le présent épisode que dans les précédents, est généreux, même ambitieux. Son esprit créatif qui est probant, permet de travailler sur des plans bien étudiés et expose une galerie de portraits très expressifs dans les attitudes. La fantaisie de ses personnages a un pouvoir d’attraction non négligeable.

A noter toutefois (là, je chipote) un petit détail qui m’a interpellé concernant la représentation d’Algärd dans les premières planches où ce dernier apparaît avec la cicatrice au visage à droite alors que celle-ci doit être à gauche.

Il ne fait aucun doute que peu de lecteurs résisteront à l’appel de Laith tant le courant qu’il laisse passer est for et enivrant. Gageons que le prochain cycle qui semble se profiler soit de la même trempe.

Par Phibes, le 11 février 2009

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