Enemigo

Le Nascencio sort de plusieurs années de guerre civile. Pour se remettre, le gouvernement met en place une vaste politique de déforestation afin de gagner en terres agricoles. L’un de ses partenaires est le groupe japonais Seshimo. Mais son jeune et riche directeur, Yûji Seshimo, est kidnappé par la guérilla.

La secrétaire de Yûji contacte alors le frère du PDG, Kenichi, un ancien du Viet-Nam, qui travaille actuellement comme détective privé à New York. Il décide de partir pour le Nascencio afin de délivrer son frère.

Par legoffe, le 16 juillet 2012

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Notre avis sur Enemigo

La notorité de Jirô Taniguchi est telle, en France, qu’il n’est pas étonnant que les éditeurs fouillent dans la biographie de l’auteur pour dénicher des récits anciens encore non traduits.

C’est ainsi que Casterman lance, en ce début d’été, Enemigo, un manga qui avoisine les vingt ans d’âge. Il a, en effet, été publié entre décembre 1984 et avril 1985 dans la revue “Play Comic”.

Surprise, nous sommes loin des livres auxquels l’auteur nous a habitués. Ce manga est une pure histoire d’aventure et d’action. Nous partons ainsi dans la jungle d’Amérique du Sud en compagnie d’un ancien du Viet-Nam qui, malgré des années passées à New York, a su garder ses réflexes de (super) soldat.

Son personnage m’a tout de suite fait penser à Rambo. Le héros campé par Stallone date d’ailleurs de la même époque. Il est indéniable que le cinéma américain a beaucoup inspiré Taniguchi et le collectif de scénaristes pour réaliser ce livre qui est assez éloigné des mangas, dans la forme comme dans l’esprit.

L’ouvrage est donc une vraie curiosité pour les fans de Taniguchi. Il montre que l’auteur a goûté à tous les styles et que l’action pure ne lui faisait pas peur à l’époque, loin des récits intimistes que nous lui connaissons. Il met en scène efficacement cette action dans des dessins réellement dynamiques, mais qui figent les regards ou les mouvements. Un style propre au mangaka qui met en valeur son très beau travail graphique. Car, là encore, le style était déjà extrêmement fin et réaliste. C’est particulièrement vrai pour les paysages, qui sont aussi époustouflants que ceux qu’il dessine aujourd’hui.

En revanche, le scénario n’est guère épatant. S’il est sans doute un ton au dessus des récits d’action pure, il fait tout de même beaucoup penser à du Rambo. Le gars se pointe dans la jungle et il est capable de repousser à coup de mitrailleuse un régiment complet à lui tout seul. La psychologie des personnages n’est pas, non plus, très développée.

Ce livre est donc une gentille distraction d’un point de vue scénaristique. Les amateurs d’action apprécieront probablement, d’autant que ce n’est pas tous les jours que ce genre de récit est servi par d’aussi beaux dessins. En revanche, les autres resteront sans doute sur leur faim.

Par Legoffe, le 16 juillet 2012

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