EN SAUTANT DANS LE VIDE
Le dernier pas

Hector donne enfin signe de vie. Fort de cette excellente nouvelle, son frère Raul a décidé de renouer avec ses anciens amis Edu et Luna. Si avec le premier, le contact est vite établi, avec le deuxième, la chose est plus délicate car la jeune blonde, dépitée par les précédents évènements, est en partance pour l’Angleterre. Dans cette pseudo euphorie due aux retrouvailles familiales, Hector est prêt par amour fraternel à tempérer son désir de vengeance vis-à-vis du skin Yvan et pour ce faire, met en garde la bande de ce dernier contre toute approche malsaine de son frère Raul. Mais, est-ce qu’Yvan, obnubilé par le retour impensable d’Hector, l’entend de cette oreille ? Pas forcément et de fait, Barcelone va vivre des moments d’une rare violence.
 

Par phibes, le 3 septembre 2009

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Notre avis sur EN SAUTANT DANS LE VIDE #5 – Le dernier pas

Enfin, voici la suite et fin tant attendue de cette aventure tragique barcelonaise qui nous aura tenue en haleine durant deux années. Tant de questions et de doutes qui se sont exprimés lors des précédents épisodes trouvent ici leurs terribles réponses et conclusions. Véritable vitrine d’un drame de quartier, "Le dernier pas" remet en scène tous les protagonistes qui ont fait, jusqu’alors, avancer l’histoire. Et pour commencer, c’est Hector qui s’y colle, personnage tout en puissance, qui avait disparu mystérieusement (à cause du perfide Yvan) durant le tome 4 et dont on désespérait de ne pas avoir de nouvelles.

Si l’atmosphère générale est au ravissement à la suite des renouements qu’elle engendre (la bande des trois semble se rabibocher), on ne perd pas de vue les effluves nauséabonds que dégagent les bas-fonds barcelonais par l’intermédiaire de la bande au Diablo et celle du puissant Yvan. A ce titre, considérant la méchanceté sanguinaire de ces bandes mafieuses, on ne peut s’attendre qu’à un dénouement violent qui ne tardera pas à éclater par le biais de rencontres fortement agressives.

Man a réussi son pari en racontant une chronique au contexte moderne, puissante voire cinglante dans ses acrobaties scénaristiques, ayant pour base une histoire d’amitié juvénile presque banale. Fort de son talent d’auteur avéré, il s’est permis de la faire progresser en lui faisant prendre des directions périlleuses, pesantes, aux aboutissements incertains. Astucieusement, il oppose les sentiments nobles (l’amitié, l’amour…) à la déchéance, la perversité, le machiavélisme le plus cru dans une confrontation choc bien à propos. On perçoit que Man sait pertinemment se jouer de ses antagonismes et il le fait avec adresse.

Les dessins qu’il produit ont bien sûr une consonance manga et se révèlent sous un trait formidablement maîtrisé. Relevé par une colorisation superbe mettant en relief les différents plans, son travail pictural accroche indubitablement. Ses personnages, de par leurs proportions avantageuses voire massives, et leur expressivité débordante, dégagent un charisme envoûtant, parfois plein de douceur ou, par ailleurs, transpirant la violence à l’état brut.

A coup sûr que le présent opus, superbe épisode tout en force, est assurément, contrairement en son sous-titre, un très grand pas dans la carrière prometteuse de Man.
 

Par Phibes, le 3 septembre 2009

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