Empreintes

 
Li Kunwu est journaliste et est à ce titre curieux de tout ; plus particulièrement peut-être de ce qui touche à son pays, la Chine, à sa population et à ses traditions. Le fils de Li Kunwu habite lui à Londres où il étudie. Loin de son pays, loin de ses racines, le jeune homme se rend bien compte qu’il ne connaît pas bien son pays et appelle donc à l’occasion son père pour combler ses manques, le priant de lui raconter son pays d’origine, ce à quoi l’intéressé s’emploie avec grand plaisir.
 

Par sylvestre, le 12 juin 2014

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Notre avis sur Empreintes

 
Les conversations téléphoniques qu’il a avec son fils et qu’il a intégrées en images dans cette bande dessinée permettent à l’auteur Li Kunwu de séparer nettement ses séquences et d’aborder ainsi indépendamment des sujets parfois bien différents. Il faut dire que la Chine est un très vaste pays et qu’elle est, de fait, le creuset d’innombrables spécificités qui en font sa richesse et assurent l’attrait qu’elle a sur les gens qui s’y intéressent.

Bien des aspects de la culture de l’Empire du Milieu sont en effet à l’honneur dans Empreintes, qu’il s’agisse des arts martiaux qui y sont pratiqués, de cuisine, de poésie, de théâtre, de mœurs, de religion, de sagesse, de fêtes traditionnelles, de société, du contraste entre les temps anciens et la modernité, etc, etc…

En cela, Empreintes passe très vite aux yeux du lecteur de ce qui pourrait être considéré au départ comme une fiction à un véritable exposé dédié à la Chine. C’est d’ailleurs ce qui fait le gros de l’intérêt de cet ouvrage : ses portées documentaire et culturelle. Ceci dit, l’exposé enthousiaste se fait parfois très dense, très poussé, et la succession des exemples donnés tend un peu à faire perdre pied… A l’instar du premier chapitre qui d’entrée fait tourner la tête avec ses innombrables références aux non moins nombreux arts martiaux qui y sont listés !

Heureusement, certaines séquences viennent aérer tout ça avec un peu d’humour, comme ces planches où il est question de monter à trois sur une moto. D’autres viennent casser le rythme infernal du flot d’informations en proposant une mise en page spéciale, comme ces pages sur lesquelles différents dieux nous sont présentés. Certains dessins de paysages en pleine page en équilibrent d’autres, où les textes dans les bulles sont longs comme la Muraille de Chine. Enfin, l’épisode relatif à la ruée sur le sel est en son genre agréable à découvrir, vers la fin de l’ouvrage : avec la catastrophe de Fukushima en toile de fond, il nous arrache à la Chine d’antan et devient un petit reportage "au présent" assez marquant.

Le dessin de Li Kunwu est intéressant mais n’est pas toujours très régulier. Réalisé avec de très gras traits qui rappellent ceux, appuyés, de la calligraphie manuscrite, il sait être précis mais sait aussi se faire moins joli. Ça dépendra du sujet et tout le monde n’appréciera pas de la même manière. On sent en tout cas que l’auteur aime son pays et souhaite le faire découvrir au plus grand nombre. Empreintes comblera donc ceux qui sont en demande mais pourrait bien rebuter les lecteurs peu habitués à un tel style assez brut de décoffrage, entre estampes noir et blanc et représentations dans le style "de presse" ; le tout généreux en textes.
 

Par Sylvestre, le 12 juin 2014

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