ELYSEE REPUBLIQUE
Immunité présidentielle

Pendant que le député Constant Kérel commémore à Belle-Île en Mer l’anniversaire du déces de sa femme, se tient au Palais de l’Elysée une réunion restreinte ayant trait à la popularité du Président en place, Edouard Montfaure. Ce dernier, au plus mal dans les sondages suite aux conflits sociaux, se doit de remonter la pente par une stratégie appropriée. Toutefois, lui seul sait que Kérel détient des informations capitales qui lui seraient préjudiciables pour les prochaines échéances électorales. Pour ce faire, il devient nécessaire de le faire disparaître. Parti en Corse pour récupérer les fameux documents compromettants, le député du Morbihan est déclaré décédé à la suite de l’accident d’avion dont il était passager. Cette nouvelle sert à la fois les intérêts de la Présidence et les ambitions du chef du groupe RDS à l’assemblée nationale à savoir Murville.

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur ELYSEE REPUBLIQUE #2 – Immunité présidentielle

J’attendais avec impatience la suite de ce thriller politique pour en savoir davantage sur le terrible secret à tiroir que détient la nouvelle partenaire de Constant Kérel qui a trouvé en cet homme un appui de choix. Opposant déclaré au Président Montfaure, il n’en est pas moins, d’après son credo de début d’album, un farouche défenseur de la démocratie et un réformateur potentiel. "Echelon" qui était le dernier mot prononcé à la fin du premier tome, trouve en cet épisode son explication. Sans trahir l’intrigue, ce terrible secret sur lequel travaillait le collègue de Catherine menace l’équilibre mondial. C’est peu dire !

S’il y a bien une chose qui m’interpelle dans cet album, c’est la densité des dialogues. Dans ses bulles surdimensionnées, on admettra que Rémy Le Gall, qui ne peut être qu’un féru de politique, a mis du cœur à l’ouvrage. Ces personnages sont de satanés bavards qui, il faut bien l’avouer, ont une verve (identique à celle des politiciens) indispensable à la bonne compréhension des nombreux enjeux qui gravitent autour de cette intrigue "élyséenne".

Par ailleurs, le scénariste joue énormément avec le passé de Constant Kérel, ancien chirurgien de la Croix-Rouge, et nous révèle sa rencontre avec son ex-femme. Intercalant passé humanitaire et présent politisé, il nous décrit son personnage comme un modèle d’intégrité et d’opposition à la langue de bois. Cette incursion dans le passé n’est nullement inutile puisqu’elle trouve un lien avec le présent.

Enfin, Rémy Le Gall s’attaque au fondement de la constitution et plus particulièrement, par le biais de sa fiction (la tentative de meurtre sur Kérel commanditée par Montfaure), sur l’immunité présidentielle en cas de crime de sang. On a l’impression qu’il cherche à susciter le débat sur ce "privilège" dont jouit la plus haute instance de la République.

Le travail graphique de Frisco est impressionnant par son côté réaliste qui a évolué favorablement par rapport au précédent épisode. Sa technique opératoire est donc mieux maîtrisée et nous gratifie de vignettes dignes de photos. Agrémentés de couleurs peu agressives mettant en relief les différentes situations, ses dessins s’exposent grassement dans une qualité très appréciable. Les visages diffusent toutes sortes d’émotions utiles à appuyer l’atmosphère adéquate.

Un séisme sans précédent menace la République jusqu’à son plus haut niveau. Constant Kérel sera-t-il celui qui pourra conforter les fondations de ce symbole représentatif ? Une partie de la réponse se trouve dans cet opus inquiétant et riche en rebondissements.

Par Phibes, le 16 avril 2008

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