Eloge de la poussière

Jeanne, la mère de l’auteur, vit dans une maison de retraite depuis peu. Son grand âge et quelques tracas lui font perdre la mémoire. Son discours parfois incohérent demande beaucoup d’efforts à Baudoin pour tenir une conversation mais son regard tendre sur cette femme lui laisse entrevoir des images derrière les mots et doucement, les souvenirs lui reviennent…

Par MARIE, le 1 janvier 2001

Notre avis sur Eloge de la poussière

L’éloge de la poussière est un long poème qu’Edmond Baudoin se dit à lui même en passant par les souvenirs de sa mère, de son père, puis de ses voyages, de ses amours et finalement de ses livres.

Jeanne, sa mère, est en partance pour ailleurs, ailleurs dont on ne sait rien ou si peu sauf peut être que, comme le dit la bible et selon le titre évocateur de l’ouvrage : « Tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière." (Genèse 3 : 19 de l’ancien testament).
Ne venir de rien pour ne repartir nulle part semble provoquer chez Baudoin le déclenchement d’émotions, de désirs et de sensations amoureuses nécessaires à son équilibre.
Exister, quand le souvenir disparaît avec le temps, est un réel problème pour lui. Il lui faut fixer les images pour construire un décor rassurant, accueillant, dans lequel il peut se poser. Ce thème lui est très cher et se retrouve dans de nombreux albums dont notamment « Passe le temps» dont il reprend quelques planches ici et dont il restitue des années plus tard une certaine vérité concernant la mort d’un chien. Au moment de raconter cet évènement, l’auteur avait modifié la réalité trop cruelle pour sa sensibilité. Mais aujourd’hui, sa maman s’en va. Cet événement étant plus dur à vivre encore que le précédent, l’un chassant l’autre lui facilite la parole.

« L’éloge de la poussière » n’est pas qu’un livre de souvenirs ou de mémoire mais aussi un très joli livre de dessin dans lequel il esquisse les silhouettes des femmes qu’il a aimées avec plus ou moins de pudeur, avec plus ou moins de détails mais toujours avec beaucoup de sensualité.

La nature, l’amour, les femmes et le temps qui passe sont l’environnement principal dépeint par Edmond, dans lequel il s’exprime, se laissant aller à la nostalgie, aux rêves et au constat de l’éternelle difficulté de capturer une image toujours unique. Ce livre s’adresse aux âmes sensibles voire sensitives, aux amoureux de la vie, du dessin vivant, à tous ceux qui sont restés tendres et aux poètes non disparus. Encore une perle profondément émouvante signée d’un grand artiste.

Par MARIE, le 15 février 2007

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