Elle s'appelait Sarah

Paris, juillet 1942. Cette nuit là, Sarah est arrêtée avec sa mère et son père par la police française. Elle a juste le temps de cacher son petit frère, Michel, dans un placard. Elle lui promet de vite revenir pour le sortir de là. Ils sont embarqués pour le Velodrome d’hiver.
Paris, mai 2002: Julia Jarmond est une journaliste américaine, mariée à un français avec qui elle a eu une fille, Zoé. Son journal lui demande de couvrir un article autour de la Rafle du Vel d’Hiv’ et de la commémoration qui y aura lieu. Ils emménagent dans l’appartment de la grand-mère de son mari.
Le destin de Julia croise, bien des années plus tard, celui de Sarah…

Par berthold, le 31 octobre 2018

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Notre avis sur Elle s’appelait Sarah

Elle s’appelait Sarah est un roman écrit par Tatiana de Rosnay, en 2006, son premier roman écrit en anglais. Le titre original de l’oeuvre est d’ailleurs Sarah’s Key. Ce roman a été un très beau succès. Le cinéma s’en est emparé pour une adaptation réussie en 2010, avec Kristin Scott-Thomas dans le rôle de Julia, mais aussi Aidan Quinn et Nils Arestrup, entre autres.

Et c’est à Pascal bresson qu’incombe la tâche d’adapter le livre en BD.
L’auteur de Plus fort que la haine est un scénariste qui se permet d’amener dans ses récits des voix différentes. Il s’engage aussi dans ses récits, il suffit de lire son Bugaled Breizh pour s’en rendre compte. Ici, il doit plaire à ceux qui ne connaissent ni le roman, ni le film et il doit surprendre les autres. Et, ma foi, Bresson s’en sort grandement. Son récit est des plus réussis, il captive et nous touche. A la dernière page, on est bouleversé.
Il a su garder la force du livre en y insufflant son rythme, sa puissance émotionelle, pour en tirer un album à mettre entre toutes les mains, qui rend un bel hommage à toutes les victimes de la Rafle du Vel d’Hiv en 1942. On se met à la place de ces français qui n’ont rien fait ou pu faire. C’est de là que vient une des forces de ce roman graphique. Bresson met le doigt là où cela fait mal et nous fait prendre conscience de ce qui s’est passé.
Le dynamisme du scénario permet aussi de suivre de façon intelligente ce qui se passe en 1942 et en 2000.
Les caractères des personnages sont très bien écrits. Les dialogues sonnent toujours juste. Par moment, pas besoin d’image pour nous faire comprendre ce qu’ont pu vivre ces gens, à cette période difficile. C’est aussi un récit sur des personnes prises par l’histoire, qui voient leur vie bouleversée à jamais.

L’autre force de ce roman graphique est le talent d’Horne. Le dessinateur réalise là une magnifique prouesse visuelle. Quelle belle idée que de mettre en couleur Sarah, que de ne pas montrer le visage des "monstres" qui ont dénoncé sa famille, de ces policiers qui les arrêtent, qui vont les garder  au Vélodrome d’Hiver et dans le camp. Seul les gens qui viennent en aide à Sarah prennent des couleurs. Horne, de cette façon, nous fait prendre conscience de la situation et nous marque, nous émeut. Certaines pages, certaines cases sont très dures.

Bresson et Horne ont réussit le pari de proposer une somptueuse adaptation de l’oeuvre de Tatiana de Rosnay.
Un travail remarquable sur la mémoire. Avec le média de la bande dessinée, peut être qu’il sera plus facile à certains de lire cette très belle histoire, très émouvante et de prendre conscience et de ne pas oublier ce qu’il s’est passé.
Un roman graphique que je vous recommande fortement.

Par BERTHOLD, le 31 octobre 2018

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