Elizabeth Bàthory

En ce 13 août, Jonathan Harker se prépare à quitter l’hôpital St Joseph et Ste Marie de Budapest. Mais préalablement à son départ, il demande à Sœur Agatha, sa soignante de chevet, de lui prêter le manuscrit dont elle est détentrice, composé de certains écrits de la Comtesse Elizabeth Bathory, surnommée la Comtesse sanglante. A peine a-t-il pris place dans un coche qui doit le rapprocher de l’Angleterre, que le convalescent se lance dans la lecture du fameux recueil. S’ouvre à lui un univers torturé, dépravé, noyé dans le sang et la débauche la plus vile qui, malgré son caractère insoutenable, n’en demeure pas moins énigmatique et entêtant.
 

Par phibes, le 20 septembre 2009

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Notre avis sur Elizabeth Bàthory

L’aveyronnais Pascal Croci poursuit son tour d’horizon des personnages célèbres ou imaginaires qui, historiquement parlant, ont marqué de leur griffe indélébile voire sanglante leur entourage pour certaines ("Gloriande de Thémines", "Lady Tara Cornwall"), le monde entier pour d’autres tels "Dracula" et "Elizabeth Bathory". Cette dernière est donc à l’honneur par le biais de cette nouvelle production éditée luxueusement par la maison Emmanuel Proust.

Réalisée dans un format propre à la collection "Atmosphère", cette œuvre saigne à blanc le mythe de cette aristocrate hongroise du 16ème aux moeurs très controversées. Elle se découvre par le biais d’un journal intime récupéré par Jonathan Harker, le personnage intronisé par Bram Stocker dans "Dracula", qui relate les pratiques pour le moins sanguinaires et lubriques de cette personne dite de haut rang.

Afin de camper la personnalité tourmentée et vampirique de ladite comtesse, Françoise-Sylvie Pauly signe, via une voix-off omniprésente, des textes nature, terrifiants dans les entournures et dans les faits. Dans un verbe sans censure qui peut à la fois glacer et chavirer, elle évoque le tourment pour le moins inquiétant de cette aristocrate entichée de sa belle cousine, épaulée dans ses jeux morbides par des personnes machiavéliques et obnubilée par cette envie de rester jeune.

A la lecture de cette biographie engagée (car les libations sordides contées sont basées uniquement sur des témoignages qui sont encore aujourd’hui soumis à discussion), on pourra être saisi de cette atmosphère de folie meurtrière superbement oppressante, érotiquement glauque, et formidablement lugubre.

Cette ambiance est confirmée par le subtil travail graphique de Pascal Croci qui réalise à la couleur directe, sur deux tableaux, des dessins aux ambiances gothiques d’une beauté saisissante. Ses paysages enneigés désertiques qui s’étirent sur des pleines doubles pages dégagent une froidure absolument convaincante. Ils sont le témoignage d’un travail à la fois minutieux et à grande échelle dont la perpétuelle évolution n’a de cesse d’envoûter le lecteur. Idem pour les scènes de débauches qui se dévoileront sous un trait torturé doté certes d’une sensualité avérée, mais largement grevé par des scènes aux portes de la folie, terrifiantes et malsaines.

"Elizabeth Bathory" est évidemment un très bel ouvrage biographique qui met l’accent essentiellement sur la notoriété scabreuse de cette personne mystérieuse, non loin de celle de Vlad l’empaleur. A lire certainement mais à réserver à un public averti.
 

Par Phibes, le 20 septembre 2009

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