ELEPHANTMEN
Wounded Animals

(Elephantmen 0 à 7)
En 2218, une entreprise privée MAPPO, implantée en Afrique, fait d’étranges expériences, afin de créer une race de super guerriers moitié homme, moitié animal. En 2224, le directeur de Mappo, le docteur Kazushi Nikken, réussit à enfin créer le parfait embryon qu’il recherchait… Commence alors une production plus intensive et la formation de cette nouvelle armée complètement aux ordres de Mappo…
En 2240, pourtant, l’armée investit les lieux et, après un combat sanglant, arrête Nikken et ses hommes. Les soldats, appelés entre temps les Elephantmen sont alors rendus à la liberté. Mais la découverte de la société extérieure ne se fait pas aussi facilement, ils vont vite être considérés comme des paria en marge !
Le plus célèbre parmi eux, Obadiah Horn va néanmoins réussir à bâtir un véritable empire financier, tandis que ses ex-collègues vont devoir se contenter de petits boulots… Parmi eux il y a Hip Flask, l’homme Hippopotame qui travaille pour une agence de renseignement, tout comme Ebony Hide, l’homme Éléphant !

Nous sommes donc en 2259, Hip Flask met la main, lors d’une fuite, sur une étrange poupée africaine…

Par fredgri, le 28 juin 2012

Notre avis sur ELEPHANTMEN #1 – Wounded Animals

Je viens donc de finir le premier volume d’ElephantMen, qui regroupe les tout débuts de la série, avec le fameux numéro 0 dessiné par Ladronn (reprise améliorée, augmentée, expurgée même, de "Unnatural Selection").
J’ai découvert cet univers, à l’époque, en 2002, avec la sortie du « Unnatural Selection » écrit par Richard Starkings et Joe Casey et magnifiquement mis en image par Jose Ladronn. Ensuite, il y a eu le « Hip Flask: ElephantMen » en 2003 et le « Hip Flask : Mystery City » en 2005, ce dernier étant sensé lancer une plus grande histoire en trois parties, histoire qui n’a encore jamais vu le jour d’ailleurs !
Bref, pour moi, tout ça c’était les planches sublimes de Ladronn, avec un univers sombre entre Blade Runner et Philip Marlowe. Le bonheur parfait ! L’artiste y faisait déjà preuve d’un sens incroyable du détail, qui nous rappelait l’époque des Metal Hurlant, de Moeb, de Bilal et autre. On rêvait les yeux ouverts !!!

A la base de tout ça, il y a Richard Starkings et son studio de lettreurs Comicraft. Dès la fin des années 80 Starkings se fait une excellente réputation de lettreur dans le monde des comics, on le voit partout et progressivement il s’adjoint les services d’autres lettreurs pour créer Comicraft, la première vraie centrale à se lancer dans le lettrage informatique. Tout le monde apprécie ses fonts personnalisées, pleine d’originalité, ses logo frais et dynamiques etc.
Vers la fin des années 90, pour animer son catalogue et son site il créé alors un personnage fétiche, un privé à tête d’hippopotame, Hip Flask. Il demande aussi à ses amis artistes de lui faire quelques fausses couvertures, histoire de mettre en scène à la fois son personnage, mais surtout ses différentes fonts et autres faux logo.
Et ça fonctionne tout de suite, non seulement ce personnage intrigue, mais en plus, quand on va sur le site on peut télécharger toutes les images créées pour l’occasion. Il y a une dynamique de lancée et le succès de Starkings explose, il est de tout les comics !

Néanmoins, il y a du potentiel derrière ce personnage, un univers qui ne demande qu’à être exploité. Ainsi, en 2002, Starking franchit la ligne et l’univers des Elephantmen est créé !

Bon, loin de la première image souriante et ludique que véhiculait le personnage d’Hip Flask, ici il devient un obscure détective privé qui évolue dans les sombres rues d’une ville tentaculaire et futuriste, qui rappelle en effet le film de Ridley Scott. On nage donc dans une sorte de purée de poix nébuleuse à base d’expériences génétiques, d’empires financiers, d’amertume et de rejet. C’est loin d’être rigolo.
Mais, en même temps, c’est fascinant, car il y a tellement de choses à raconter dans cet adroit mélange de genre !

Après la sortie des trois comics Hip Flask Starking va se rendre compte que José Ladronn, aussi inspiré puisse-t il être, ne pourra pas assurer un rythme plus régulier. Chacun des comics nécessite près de 2 à 3 ans de travail, c’est trop long !
Ainsi en 2006, soit un an après Mystery City, il lance la série Elephantmen, mais cette fois avec un nouveau dessinateur débutant, Moritat. Le changement graphique est dur, car le nouveau venu a un style beaucoup plus épuré, aux antipodes de son illustre prédécesseur. Du coup, la transition en refroidit plus d’un (dont notamment moi !). Mais Starkings va aussi reprendre ses vieilles habitudes et il commence à nouveau à inviter ses amis pour réaliser soit des planches soit des couvertures alternatives (il faut dire que Starkings aime bien supporter ses amis, il aime faire de la pub pour leurs comics en fin de numéro !). En même temps Ladronn va revenir pour réaliser les couvertures des 12 premiers numéros !

C’est très bien écrit, avec beaucoup de subtilité. Starkings prend le temps de s’attarder sur des moments plus intimes, sur des rencontres (comme dans le premier numéro, quand Ebony croise la route de la petite Savannah qui lui pose des tas de questions innocentes, façon très habile pour le scénariste d’aborder et de présenter cet univers). Peut-être prent-il trop son temps car on a le sentiment que ce premier volume ne va pas super loin, tout de même. Néanmoins il pose de très solides bases pour la suite. Je me dis que toute la richesse de cet univers va certainement être davantage exploitée ensuite.

Le volume se conclue par le numéro 7 pratiquement entièrement dessiné par Chris Bachalo et écrit par Joe Kelly, il s’agit d’une histoire de pirates imaginaires et de fée. Les couleurs bien sombres bouffent tout de même la lisibilité (merci Liquid), et du coup, alors qu’on sent bien que c’est passionnant, j’avoue que ça a été laborieux pour moi, il faut chercher ce que signifient les dessins sur chaque planche, dur dur.

Avant de conclure, je vous conseille tout particulièrement ces énormes volumes, sur très beau papier, car il contiennent surtout des bonus hors du commun, plein de sketch, d’études, de variant cover, de notes, et même dans ce premier volume, un gros dossier sur les anciens pulps que lisaient Starkings dans sa jeunesse, ce qui permet de comprendre la genèse du projet. Très très instructif, mais surtout… Indispensable !

Par FredGri, le 28 juin 2012

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