Elektra par Frank Miller et Bill Sienkiewicz

(Bizarre Adventures 28 + What If? 35 + Elektra: Assassin 1 à 8 + Elektra Lives Again GN)
Deux histoires célèbres d’Elektra écrites par Frank Miller, alors au meilleur de sa forme.
Tout d’abord, "Elektra lives again", qui voit le retour de la belle ninja d »entre les morts, suite à son meurtre par Bullseye… Matt Murdock reste obsédé par cette femme, ses rêves sont troublés par les mêmes scènes ou Elektra combat les troupes de mort pour tenter de revenir à la vie… Ensuite "Elektra Assassin"… Elektra est une tueuse à gage, une folle selon certain, mais dans son esprit se battent les souvenirs, la réalité et surtout ces formes qui lui racontent, lui dictent ce qu’elle doit faire ! Elle a assassiné un président d’Amérique du sud, ainsi que son ambassadeur américain, s’est enfuie, réussit à s’échapper d’une noyade pour être, finalement, précipitée dans un asile ! Mais rien ne l’empêchera de se lancer à la poursuite de ce démon qui possède le corps du président des États-Unis…
Les deux petites histoires qui accompagnent ce volume nous ramènent vers d’une part une réalité alternative ou Elektra n’aurait finalement pas été tuée par Bullseye. Puis un récit ou Elektra se retrouve confrontée à un dilemme, soit elle doit remplir sa mission, soit elle doit se retourner contre son client !

Par fredgri, le 29 novembre 2014

Notre avis sur Elektra par Frank Miller et Bill Sienkiewicz

Dans les histoires présentées dans ce recueil Frank Miller est au sommet de son art, sa période Marvel s’achève dans une succession de petits projets absolument géniaux et il garde cette énergie pleine de créativité. Qu’il s’agisse de Elektra Lives Again, d’Elektra Assassins, de Daredevil Love & War, Born Again… Chaque scénario célèbre son art du dialogue et de la mise en scène, cette personnalité hors du commun qui font de lui l’un des grands artistes du comics moderne.

Dans ce volume, qui rassemble tout ce qu’il a pu raconter sur Elektra, excepté les numéros de Daredevil, on retrouve un Miller en artiste complet. Néanmoins, il s’adjoint aussi les services de son complice de Love & War, le grand Bill Sienkiewicz lui même !
Et la formule est absolument sublime. Sienkiewicz laisse libre cours à son style très expérimental, limite hystérique, jonglant avec les cases, mélangeant les techniques, le tout rythmé par les textes intrusifs de Miller. Tout frais sorti de Moon Knight et New Mutant l’artiste représente, grâce à son approche ultra inventive et extrêmement riche, en 1986, date de sortie américaine de Elektra, le renouveau du graphisme dans la BD américaine. Un style très vif, très dynamique qui se reconnaît entre mille d’un regard !
Sur le scénario le style de Miller est viscéral, à mille lieux des écritures plus cérébrales de Moore ou Gaiman ! La lecture peut paraître difficile au premier abord, mais il faut progressivement se laisser posséder et entrainer par cette narration si particulière. Ces deux auteurs livrent donc là un album très étrange qui représente à mes yeux un des piliers de la nouvelle vague américaine qui fit fureur à la fin des années 80, une école très intéressante et très importante !

En contre partie, son approche du récit dans Lives Again est beaucoup plus sobre et plus "théâtrale". Il faut dire que ses planches nous montrent un Miller en plein état de grâce, qui orchestre des mises en pages savamment équilibrées, avec des perspectives incroyables et des couleurs de Lynn Varley magnifiques ! Certainement l’une des plus belles œuvres de Miller, l’une des plus abouties en tout cas !

Elektra apparait encore plus troublante dans cet album. Miller a mis en place un univers très particulier autour de cette femme, on y voit les prémices de ses polars qui vont suivre. Car tout est jeux de cadrages, d’ombres, les silhouettes se battent dans une sorte de chorégraphie presque hypnotique. Peut-être que le style de Miller finit aussi par se systématiser quelque peu, on retrouve les mêmes regards de la belle, les mêmes effets de cases horizontales etc. Et c’est certainement de ce point de vue là que le Lives again prend toute sa beauté. Car il sert justement de transition avec la suite. Miller y explore une approche résolument plus esthétique et plus seulement narrative. Il s’amuse à arrêter le temps, à construire des décors superbes et très détaillés. Et même si ces planches sont en effet sublimées par Varley, l’ensemble démontre que Miller reste bel et bien un auteur moderne et fondamental !

Un album très conseillé !

Par FredGri, le 29 novembre 2014

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