EL NINO
Les passes de l'Hindou Kouch

Menacée indirectement de représailles par le Commandant Sharaf pour avoir soigné Tahir Navoi, chef dissident d’une bande de moudjahiddins, Véra Michaïlov se doit de quitter, pour sa survie, le territoire de l’Afghanistan. En compagnie du reporter Drancourt, la belle infirmière de l’ONG "Terre de Lumière" décide de reprendre les chemins escarpés pour retrouver celui qu’elle a furtivement soigné et qui lui a fait remettre un bijou, le bad-e-sad-o-bist, en signe de reconnaissance. Alors que sa fuite semble peu inquiéter la gente militaire, elle finit par atteindre Tahir pour s’apercevoir qu’elle est tombé dans un piège tendu par le commandant Sharaf. Mais, grâce à la duplicité de Lowell, un proche de ce dernier, Vera, Tahir et Durancourt parviennent à échapper à leurs tortionnaires avec comme projet insensé de traverser l’imposante chaîne montagneuse de l’Hindou Kouch pour rejoindre un dispensaire pakistanais. Parviendront-ils au terme de leur dangereux périple qui pourrait être, pour Vera, une façon de se remettre en question ?
 

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur EL NINO #7 – Les passes de l’Hindou Kouch

L’aventure afghane se poursuit et se termine en cet opus qui clôture le deuxième cycle consacré aux aventures remuantes de la belle soignante globe-trotter qu’est Vera Michaïlov. La rencontre furtive que cette dernière a eue dans le précédent volume avec un rebelle blessé est l’occasion d’un nouveau rendez-vous qui va nous entraîner sur les hauteurs enneigées et frigorifiantes de l’Hindou Kouch entre l’Afghanistan et le Pakistan.

Christian Perrissin nous fait vivre la suite d’une fiction (entamée dans le précédent tome) aux entournures historiques bien ancrées puisqu’elle s’inscrit dans l’après Massoud. Elle évoque la mainmise sans concession d’un chef militaire, Nazim Sharaf, sur les tribus armées afghanes en vue d’instaurer la paix voulue par le président de ce pays. C’est dans ce contexte pseudo pacificateur qu’intervient notre héroïne, oeuvrant pour une ONG parquée à Jalalabad.

En cet opus, la belle tsigane dont la vie ne tient qu’à un fil pour avoir soigné à ses dépends un chef rebelle se met en ordre de marche pour fuir la vindicte de Sharaf. Quelque peu subjuguée par celui qu’elle a soigné, Véra va nous faire partager la fascination qu’à réveiller en elle le contact avec ce fameux Tahir. Ici, l’on ne se repaîtra pas de combats à tout va entre armée régulière et rebelles. L’on préfèrera se focaliser sur le piège fomenté par Sharaf, les répercussions tragiques de celui-ci sur les moudjahiddins, et la longue fuite en avant de Véra, "boostée" par sa force de caractère, le tout couvert par un journal de bord écrit par cette dernière.

Au travers des dialogues emplis d’une certaine sagesse et d’une voix-off assez présente, les sentiments les plus divers fusent, Le désespoir de certains touchés par la tuberculose, l’attachement à des valeurs nobles, l’abnégation, la traîtrise, la sauvagerie…, tout concourt à la présentation d’une œuvre forte, en tout point remarquable, qui se veut une fenêtre ouverte sur un territoire qui se cherche.

Boro Pavlovic excelle dans ses graphiques dans lesquels les décors prennent une place très importante. Les paysages afgano-pakistanais semi-arides et montagnards sont un régal pour les yeux. De même, même si la tendance est aux effets assez sombres (ombrages, contours…), on admirera la beauté de ses personnages qui exhalent un charisme confondant. Véra conserve sa beauté d’antan et dégage, par son regard noir ébène, une volonté caractérielle des plus fortes.

Un épisode de plus, excellent de surcroît, qui ne dépareille nullement un ensemble d’aventures d’une grande beauté. A préciser que pour la sortie de cet épisode, un coffret a été également édité par les Humanoïdes Associés regroupant l’intégralité du diptyque formé par les tomes 6 et 7).
 

Par Phibes, le 20 juillet 2009

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