Effet miroir

A la tête d’une grosse firme, Louis est plutôt d’humeur morose. Tout d’abord, ses nuits sont grevées par des cauchemars qui le transportent au fin fond d’une prison nauséabonde où il doit se battre contre non seulement d’autres détenus mais aussi des douleurs de poitrine. Ensuite, sa relation avec Camille s’est vraiment dégradée à cause de ses terribles visions. Afin de se détacher de ces problèmes, il va courir en forêt. Ce jour-là, lors de son footing, il se voit pris à partie par un énigmatique motard qui se met à le poursuivre avec l’intention évidente de lui nuire. Qui est-il ? Que lui veut-il et surtout pourquoi tant d’insistance ? La réponse va lui parvenir au fil de la nuit.

Par phibes, le 19 octobre 2020

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Notre avis sur Effet miroir

Pierre Makyo, auteur prolifique à qui l’on doit nombre de pépites littéraires comme La ballade au bout du monde, Cœur en Islande, A.D.N., Exauce-nous… nous livre ici une histoire complète particulièrement efficace dans son développement.

En effet, à la faveur d’un scénario plutôt élémentaire, composé de peu d’échanges sur une bonne partie de l’album, d’une présentation du personnage principal et de ses tourments, l’auteur nous place au cœur d’une sorte de course-poursuite haletante (à l’instar de Duel de Spielberg). Durant de nombreuses pages, nous allons devoir nous attacher à ses baskets et à son incompréhension grandissante quant à la pression dont il est l’objet. L’énigme est à paroxysmique et les réponses se distillent doucettement à partir du moment où le poursuivant daigne communiquer.

Le concept est surprenant, addictif et attise évidemment la curiosité. Partageant les mêmes questions de Louis, le lecteur avale plutôt rapidement les planches, emporté par cette envie de connaître les tenants et les aboutissants d’une telle détermination vindicative. Usant avec adresse de flash-backs insolites, Pierre Makyo nous amène là où il veut, vers la résolution d’un mystère qui se veut malgré tout un tantinet trop classique.

Si le scénario est conséquent, le travail graphique de Laval NG pousse vers le haut la qualité de cette histoire. En effet, l’artiste parvient, grâce à ce style pictural diffus aux couleurs à dominance bleue et rouge et à ses nombreux plans audacieux sans une once de dialogues, à saisir l’attention et à emballer la lecture. La course-poursuite, à la fois haletante et angoissante, se déroule à l’appui d’un découpage cinématographique très énergique et d’effets visuels impressionnants, donnant ainsi de très bonnes sensations.

Un récit grisant, somme toute original et surtout époumonant, à mettre au crédit des deux auteurs.

Par Phibes, le 19 octobre 2020

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