ECO
La malédiction des Shakklebott

Fille de riches couturiers très talentueux, Eco pourrait, de par sa condition sociale élevée enviable, être des plus heureuses. Malheureusement, ce n’est pas le cas ! Trop délaissée par ses parents accaparés par leur travail, elle souffre cruellement de solitude. Aussi, parvient-elle à occuper tant bien que mal ses longues journées jusqu’au jour où, contre toute attente, son père vient la solliciter pour faire une livraison très importante. Malencontreusement, croisant sur son chemin une vieille dame portant un enfant malheureux, elle déroge à sa mission en offrant à ce dernier le paquet qu’elle devait livrer. Son geste pourtant honorable finit par provoquer irrémédiablement la banqueroute des couturiers. Sa mère, devenue hystérique, ne tarde pas à la rendre responsable de leurs malheurs et la maudit à plusieurs reprises. Peu de temps après, Eco voit son corps se modifier. Ne serait-ce pas la malédiction proférée par sa mère qui prend racine en elle ? Une seule solution à ces maux, aller consulter la princesse des nuages !
 

Par phibes, le 25 octobre 2009

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Notre avis sur ECO #1 – La malédiction des Shakklebott

Après le surprenant "Billy Brouillard", Guillaume Bianco poursuit son ascension artistique au sein de la même collection de chez Soleil "Métamorphose" en produisant ce nouvel ouvrage tout en poésie enfantine.

En effet, en parfaite osmose avec les contes de Perrault, Andersen et autres auteurs spécialisé dans ce genre littéraire onirique, ce récit juvénile nous entraîne dans la première partie (il en est prévue 3 au total) des péripéties émouvantes d’une petite fille pourtant bien volontaire et ayant le cœur sur la main. Eco, pour la nommer, se voit subir une métamorphose engendrée par le dépit de sa mère suite à une mission non concrétisée et aux effets catastrophiques.

Assurément, Guillaume Bianco aime raconter des histoires pour tous et le fait de façon poétique. En des termes simples, concis et attendrissants, il narre une curieuse épopée où l’imaginaire a sa place. Intercalant à chaque chapitre un extrait du conte "Jack et le haricot magique" dont les faits présentent une certaine similitude avec ceux que vit la petite Eco, l’auteur explicite les rapports tumultueux qui pourraient subsister entre parents et enfants, la difficulté des adultes à appréhender le regard et les réactions nature de leur progéniture. De même, en cette première partie, si le ton est assez grave, la féerie se découvre délicatement, au moment où Eco se crée ses nouveaux amis et qui lui permettront de dépasser le lourd conflit avec ses parents qui pèse sur ses frêles épaules.

Ce tome soulève bien des questionnements quant à la mutation de la petite fille. Serait-ce par la malédiction invoquée par sa mère que celle-ci change de morphologie ou y a t’il quelque chose de plus profond que Guillaume Bianco se prépare à nous divulguer dans le prochain épisode ? Il est certain que le récit qui prend une proportion étrange, a le don d’interpeller agréablement (les enfants en seront incontestablement charmés) et incite, de fait, à connaître la suite.

Ce superbe conte bénéficie d’illustrations excellentes réalisées par Jérémie Almanza ("Aristide broie du noir"). Etalant largement son talent sur des doubles planches admirables, englobant de sa féerie picturale les textes de son scénariste, ce jeune dessinateur fait preuve d’une créativité et d’une recherche artistique qui fait mouche. Les proportions surdimensionnées de son univers reflètent la puérilité de ses messages graphiques qui sont servis par une colorisation envoûtante et en totale adéquation avec le récit. Les perspectives sont brillamment maîtrisées et laissent apparaître un travail riche, détaillé et magique qui devrait surprendre bien de jeunes yeux.

Pour l’heure, oyez les déboires de la petite Eco qui sauront, de par leur beauté narrative et graphique, faire chavirer le cœur des jeunes lecteurs et pourquoi pas, des moins jeunes.
 

Par Phibes, le 25 octobre 2009

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