EAGLE
La cible

Al Nore ayant reçu, lors d’un meeting, une tomate pourrie qui a fait croire un instant à son entourage qu’il avait été blessé par balle, le chef de la sécurité du team Yamaoka a conjuré au candidat américano-japonais de revêtir un gilet pare-balle lors de ses sorties. Ce que l’intéressé a refusé, ne voulant pas donner l’image d’un candidat qui a peur.

Ce coup de stress est arrivé à une période où la campagne est effectivement secouée par des manifestations racistes. C’est qu’à un horizon si proche du jour de l’élection, certains Américains, même des démocrates, peuvent d’un seul coup être pris d’un doute : leur pays peut-il élire un représentant d’une race de couleur quand traditionnellement c’est un blanc qui tient ce poste ?!?

Yamaoka a mesuré ces mouvements racistes qui enflamment le pays et font la une de la presse. Il va d’ailleurs agir d’une manière qui va abasourdir Takashi Jo quand celui-ci sera mis au courant de l’initiative prise, d’autant plus qu’avec Rachel, le jeune journaliste a lui aussi essuyé un tir au cours d’un récent déplacement !

Enfin, un journaliste free-lance nommé Nicols va rencontrer Takashi et lui laisser entendre qu’il a découvert le lien familial existant entre lui et Yamaoka. Takashi va en toucher mot à son père. Le lendemain, Nicols sera retrouvé mort… De la même mort qui avait emportée la mère de Takashi, ce qui va pousser le jeune japonais à retourner brièvement dans son pays, le temps de faire relancer l’enquête sur le décès de sa mère…
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur EAGLE #10 – La cible

La question (ou le constat) de l’Amérique raciste ne pouvait pas être occultée par Kaiji Kawaguchi dans son manga puisque son héros candidat à la présidence des Etats-Unis est de souche japonaise. On remarquera d’ailleurs l’aspect bouffi – le type américain ? – que le dessinateur a donné à quelques défenseur du « white power » ! Mais l’auteur ne part pas non plus en profondeur dans une croisade contre le racisme, n’utilisant le thème que pour servir la stratégie de son héros. Ce qui crée des raccourcis faisant perdre le récit en crédibilité (Yamaoka remet tout le monde d’accord en quelques phrases) mais force à reconnaître qu’il ne se perd pas en hors-sujets !

Le mangaka nous a là encore tricôté un découpage aux petits oignons. D’une part il excelle à pratiquer l’ellipse scénaristique. Par exemple ? On voit Durand sortir du bureau de Yamaoka quand Takashi y entre, et les deux se recroisent plus tard à l’aéroport, après leurs voyages respectifs, ce qui ne nous est pas montré comme un hasard… tadam !!! Surtout quand on connaît le malaise qui a fait retourner Takashi au Japon.

Et d’autre part il relance le suspense de manière impressionnante (il ne reste qu’un seul tome après ce tome 10 pour que la série prenne fin !) en nous faisant nous poser des tas de questions sur l’issue de l’aventure électorale :

– Yamaoka a-t-il commandité des attentats ?
– Takashi se retournera-t-il contre son père si près du but de ce dernier ?
– Le mangaka reportera-t-il la vedette sur le journaliste plutôt que sur le candidat ?
– La phrase de Yamaoka à Korzeff sur ce qui fait les vrais leaders, au début de ce volume, trouvera-t-elle écho dans le tome suivant ?

Une fois de plus, Kaiji Kawaguchi est épatant sur tous les plans. Eagle mérite toute votre attention et tout votre intérêt.
 

Par Sylvestre, le 1 juin 2008

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