E dans l'eau

Fred et Bradley, jeunes frappes de seconde zone, sont contactés par Adamick, un sinistre commanditaire, pour dessouder un scénariste de cinéma, T.J. Lloyd. Lors de leur forfait sanglant, Fred découvre dans les affaires de la victime des documents mystérieux et décide d’adapter le projet de tuerie en emmenant le moribond. Il va de soi que ce changement de programme n’est pas du goût de leur commanditaire qui décide de le leur faire payer.
Considérant la disparition de T.J. Lloyd et les traces sanglantes relevées chez ce dernier, Neil, shérif cocu et hanté par les fantômes de victimes d’une affaire récente non élucidée, est mis sur le coup. L’enquête qui se dessine n’a certainement rien d’ordinaire et va prendre un virage que lui-même et son proche entourage n’auraient pas soupçonné.

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur E dans l’eau

"E dans l’eau" fait partie des récits qui ne peuvent laisser indifférents (on aime ou on n’aime pas). En effet, loin d’être un coup d’épée dans l’eau, il révèle au lecteur une teneur qui, par son côté oppressant et violent, secoue fortement la fibre émotionnelle.

Antoine Ozanam qui s’est déjà distingué par ailleurs dans des ouvrages atypiques tels "Le chant des sabres", "King David" ou encore "Eclipse"… revient donc en première ligne en réalisant un nouveau polar à la trame torturée. Utilisant un découpage scénique original à la "pulp fiction", assurant un visionnage de son histoire selon quatre angles différents, cet auteur plonge dans les abysses de la noirceur la plus glauque dans un one-shot décapant.

Véhiculant une atmosphère imprégnée de relents cinématographiques, l’intrigue se découvre dès les premières planches dans une ambiance lourde de conséquences. Chaque personnage qui intervient au gré des péripéties développe un particularisme anticonformiste. De la folie meurtrière à l’aliénation boulimique, de la volonté à sortir du lot à celle d’écraser son prochain, tout concourt à mettre en avant un monde liquéfié, un méli-mélo sordide à souhait, évoluant dans une totale dépravation. Aussi, Antoine Ozanam fait feu de tout bois pour écorcher grassement la morale et mouche sans retenue le moins prude des lecteurs.

La participation graphique de Rica complète à merveille l’intrigue policière. Jeune dessinateur ayant collaboré au collectif de "Premières fois" de chez Delcourt, il étale, au grand jour, dans un album complet un talent qui promet. Son trait somme toute réaliste et sombre se gausse habilement des perspectives, se déforme pour bien faire toucher du doigt l’univers torturé dans lequel ses personnages se perdent en conjectures et en actions sanglantes. S’appesantissant sur les situations glauques, il n’hésite pas à heurter la sensibilité pour bien camper les ambiances d’une histoire où l’on ne ressort pas indemne.

"E dans l’eau" est un récit fort en caractère et en rebondissements, insolite dans sa forme et inquisiteur dans son fonds que l’on réservera toutefois à un public averti.

Par Phibes, le 3 mai 2009

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