DUKE
La boue et le sang

En 1866, Aurélio Cummings est un ouvrier qui travaille durement dans la mine d’or du magnat de la région, Mullins. A l’insu de ce dernier, il détourne de temps à autre quelques pépites pour lui-même qu’il stocke chez lui dans une petite boîte. Malheureusement, lors d’une visite pour le moins musclée par l’impitoyable Mc Caulky, l’exécutant de Mullins, il est découvert et assiste sans pouvoir rien faire à l’assassinat de sa femme et de sa fille. Mis au courant de cette sinistre exaction, le Marshall Sharp se rend sur place en compagnie de son adjoint Duke et du croque-mort. Ecœuré par ces agissements et prêt à en découdre, Duke voit ses ardeurs justicières tempérées par son supérieur, ce dernier préférant laisser l’omnipuissant Mullins régler l’affaire. Le lendemain, Mc Caulky et deux coéquipiers débarquent en ville. Le Marshall Sharp et Duke décident d’aller les trouver au bar où ils se trouvent pour qu’ils se tiennent tranquilles. Malheureusement, la situation va dégénérer au moment où des ouvriers de la mine dont Cummings, tentent de tuer Mc Caulky. Sans pouvoir riposter immédiatement, Duke décide de partir en chasse contre les hommes de Mullins.

Par phibes, le 21 janvier 2017

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2 avis sur DUKE #1 – La boue et le sang

Plébiscité par la ville d’Angoulême qui lui a décerné son Grand Prix en 2016, Hermann n’en a pas pour autant raccroché ses pinceaux. En effet, en attendant de voir son œuvre exposée très prochainement en la cité charentaise, le grand maître de la colorisation directe a décidé de rester sur le devant de la scène en produisant, en marge de Jeremiah, une nouvelle série intitulée Duke. Inscrite dans le genre Western, genre que l’artiste affectionne tout particulièrement (Comanche, Caatinga, On a tué Will Bill…), cette dernière fait appel, au niveau scénario, à Yves H., son fils avec lequel, Hermann a partagé nombre de récits uniques et plus particulièrement, dans la même veine, Sans pardon, paru en 2015 chez Le Lombard.

Ce premier épisode nous immerge donc au temps de la Conquête de l’Ouest, au sein d’un petit village minier qui subit le joug pesant d’un propriétaire exploitant très puissant, secondé par de sinistres équipiers et avec lesquels la police locale se doit composer. Au regard de la thématique, l’on concèdera que ce premier épisode ne sort pas des sentiers battus, tant le contexte développé reste des plus convenus. Malgré tout, eu égard à la fluidité du scénario et à son découpage averti, confortés par des dialogues efficaces sans fioriture aucune, l’histoire proposée, à flux tendu, ne manque nullement d’attrait et donne réellement envie de suivre les pérégrinations de ce fameux Duke.

De fait, conformément au contexte, l’injustice bat son plein et génère inévitablement des rancœurs qui font parler à de nombreuses fois la poudre. Tout ça pour dire qu’être représentant de la loi n’est pas simple dans les régions de l’Ouest et par ce biais, Yves H. met le doigt où ça fait mal. La violence plane inévitablement sur son récit et pèse lourdement sur la psychologie des personnages, induisant des actes irréparables. Certes le sentiment a sa place mais s’efface vite au profit d’une hostilité.

Qui dit Hermann, dit indubitablement travail en couleur directe. Cet opus n’échappe nullement à cette maîtrise picturale dont l’artiste a le secret. Dans ce clair-obscur « pastellisé », ce dernier joue grassement avec sa palette et met en image une vision des plus réalistes de l’Ouest. Son sens du découpage, ses plans cinématographiques, son superbe travail sur les décors enneigés (qui contrastent avec ceux éclairés par le soleil printanier), sa maîtrise de la gestuelle de ses personnages, se révèlent un véritable atout pour cet album.

Un premier épisode bien captivant malgré son petit manque d’originalité et qui arrive à point nommé pour l’ouverture de la 44ème édition du Festival d’Angoulême.

Par Phibes, le 21 janvier 2017

Fort de ce début d’année sous les projos d’Angoulême, Hermann nous propose, avec son fils cette nouvelle série ou nous retrouvons le ton sans compromis de l’artiste, cette violence sourde pleine de règlements de compte, de justice en dehors des clous et de sales gueules de cowboys bien dégénérés !

Mais le duo d’auteur offre néanmoins un western qui ne s’éloigne pas vraiment de la tradition. Cela reste très manichéen, avec tout les stéréotypes du genre, qu’il s’agisse du vilain propriétaire de la mine, de ses hommes de main qui profitent allègrement de la situation, de la gentille "prostituée" à l’adjoint du Marshall qui a du mal à retenir cette violence intérieure, tout y est et Yves H a bien du mal à sortir de ce schéma ultra convenu.
A peine la scène finale permet de rajouter un peu d’ambiguïté sur cet anti-héros qui manque de subtilité dans les coutures !

Toutefois, l’album reste très agréable à lire, le scénario fonctionne très bien, et les planches d’Hermann sont évidemment de toute beauté (je trouve juste que ses personnages se figent de plus en plus au fil des volumes qui sortent). Malgré tout, par son cruel manque d’audace, il risque de s’adresser avant tout aux fans du maitre de l’aquarelle, plus qu’aux lecteurs qui pourraient attendre un peu plus d’originalité.
Mais bon, Hermann n’a réellement plus rien à prouver et cette série peut à la limite démontrer qu’il reste toujours inspiré graphiquement et en pleine forme.
Avec une telle carrière, il y a de quoi être plus qu’admiratif.

Une série à suivre pour tous les amateurs de western !

Par FredGri, le 5 mars 2017

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