Du vent sous les pieds emporte mes pas

Au mois de septembre du tout début des années 1900, le jeune Léon n’a pas la fibre écolière. Aussi, plutôt que d’aller en cours comme nombre de ses camarades, préfère-t-il prendre du bon temps avec son copain Fernand en s’égayant dans la verte campagne. Jusqu’au jour où il découvre inopinément un bateau sur cales dans lequel habite seul un vieil homme qui s’adonne à la peinture. Refoulé énergiquement, il n’en demeure pas moins que cette rencontre l’a intrigué à tel point qu’après avoir malheureusement perdu sa mère et n’étant pas motivé pour épauler son père cafetier, il sollicite l’aide du vieil ermite pour qu’il l’initie aux pinceaux. Cet apprentissage va être l’occasion de lui révéler une passion artistique insoupçonnée, pas forcément comprise par son entourage mais qu’il va tenter d’assumer au mieux.

 

Par phibes, le 14 mai 2012

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Notre avis sur Du vent sous les pieds emporte mes pas

Du vent sous les pieds emporte mes pas est, semble-t-il, la première bande dessinée grand public des deux auteurs belges que sont Gaëtan Brynaert (dessinateur/illustrateur) et Frédéric Castadot (scénariste pluridisciplinaire). Publié sous le couvert de la collection Quadrants Astrolabe de chez Soleil, ils trouvent l’occasion de mettre à l’honneur un récit attachant lié à la destinée d’un jeune provincial qui se découvre une passion, la peinture.

Sur le ton d’une simplicité narrative efficace et assez sobre, ce one-shot nous introduit dans les ambiances du début du 20ème, et plus particulièrement s’attache à nous présenter celui qui va porter le poids de cette histoire intimiste à savoir le jeune Léon. Après avoir campé le petit personnage (caractériellement et socialement), Frédéric Castadot ne tarde pas à nous rendre témoin d’une rencontre (celle de l’ermite en bateau) qui va faire basculer sa destinée et qui va orienter dans le temps les péripéties à venir.

A n’en pas douter, l’évocation est des plus enivrantes à suivre. Elle permet d’appréhender la naissance d’une vocation qui peu à peu va s’affirmer au fil du temps. Léon, qui se doit d’affronter les secousses d’un destin peu évident, est attachant de vérité. Dressée sous la forme d’une structure linéaire et temporellement choisie au gré de transitions rapides, la section de vie dépeinte n’échappe pas à une certaine humanité qui touche agréablement notre sensibilité. Elle affiche avec habileté et un naturel émouvant la détermination du jeune garçon à rester maître de son existence, malgré les personnes qui souhaitent influer son parcours et les écueils qui se mettent à tout moment en travers de sa route (la mort de sa mère, son daltonisme, la guerre…).

Le travail de Gaëtan Brynaert est enthousiasmant par le fait qu’il entretient la naturalité souhaitée par le scénariste. En effet, il le doit à l’utilisation d’une couleur directe superbement léchée. L’ambiance qu’il dépeint avec une dominance de sépia est convaincante au point de vue historique (le choix de la palette) et également au niveau humain (on ressent ainsi une certaine sensibilité dans les expressions, les attitudes). Son coup de patte habile est de fait généreux, doucereux, poétique et engendre bien des émotions.

Une destinée déclinée en un seul volume, des plus remarquables qui vous emporte là où ça touche et qui, à mon seul regret, aurait pu éventuellement faire l’objet d’une évocation encore plus étendue.

 

Par Phibes, le 14 mai 2012

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