DRUUNA AU COMMENCEMENT
Espoirs

 
Un virus a frappé le monde et c’est une véritable aubaine pour un mystérieux "Maître" encapuchonné qui préfère, lui, parler d’un mal que le Très-Haut aurait envoyé pour mettre fin à la luxure de la chair et à l’hérésie. Aux ordres de ce Maître, des miliciens ne se font pas prier lorsqu’ils sont envoyés en mission de "nettoyage" ; ils profitent de leur position de force pour brutaliser sans raison une population innocente et souvent bien impuissante devant leurs exactions.

Ce jour-là, après avoir violenté un couple de petits vieux, deux miliciens sont arrivés chez Druuna qui était seule chez elle et ils l’ont violée. Quand son homme, Kartes, est revenu, il a vite compris ce qui s’était passé et, animé par la rage, a décidé de partir au plus vite de cette ville où tout n’était plus que chaos et terreur.

Le problème, c’était que personne ne sait trop ce qu’il y a au-delà de la ville. Si Kartes et Druuna parvenaient à en sortir, ils n’auraient plus accès aux médicaments prescrits contre le virus. Sans parler des problèmes de nourriture, de logement ou des dangers qui sans doute les attendraient…

Malgré toutes ces incertitudes, Kartes et Druuna s’enfuirent. Ils trouvèrent bientôt refuge chez Ulmer, un ermite menant des expériences pour trouver un remède contre le mal. Mais la confiance qu’ils avaient mise en lui fut brisée après qu’Ulmer a utilisé Druuna comme cobaye et lui a fait vivre une expérience choquante en l’envoyant brièvement dans la mémoire d’un pauvre hère devenu mutant, à la recherche de réponses sur l’origine du mal…
 

Par sylvestre, le 17 mai 2022

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Notre avis sur DRUUNA AU COMMENCEMENT #1 – Espoirs

 
Paolo Eleuteri Serpieri, de plus en plus âgé et attelé à d’autres projets, a accepté de confier à d’autres auteurs la destinée (en l’occurrence le passé) de son emblématique héroïne Druuna. Ainsi, c’est Alessio Schreiner qui a écrit le scénario de cet album et c’est Eon qui a l’honneur (et la pression !) de succéder, au dessin, au maestro.

On sent dès la composition de la première planche une envie de coller au plus près de l’œuvre de Paolo Serpieri. Que ce soit dans le "traveling" auquel on assiste ou dans le visuel du sujet, "on est déjà dedans" ! Suivent ensuite les autres ingrédients : un univers chaotique aux mains de personnages peu recommandables, un virus invisible mais omnipotent et des bribes d’explications sur ce que ça pourrait être et sur comment on pourrait s’en débarrasser, un enchaînement de scènes d’action et de scènes érotiques voire pornographiques, des textes tantôt inexistants et tantôt surabondants, et enfin deux personnages qu’on connaît déjà ; et parmi eux Druuna, bien évidemment, malchanceuse comme elle sait l’être malgré elle, la pauvrette, dès que des mâles testostéronés un peu trop en chaleur croisent son chemin. Ainsi qu’un autre ingrédient non négligeable : le dessin et les efforts déployés par Eon pour que graphiquement, sa copie ressemble le plus possible au travail de celui auquel il succède.

J’ai d’abord feuilleté cette bande dessinée sans la lire, pour avoir une rapide vue d’ensemble. La déformation du voyeur qui veut avant tout jeter un coup d’œil aux scènes hot ? Allez savoir, mais à vrai dire, l’heure était plutôt, me défendrais-je, à l’analyse (pardonnez-moi ce terme d’expert alors que je n’en suis pas exactement un !) du dessin. Car Serpieri, outre le fait qu’il dessine des créatures d’un genre à émoustiller tout homme qui fonctionne encore un peu, a vraiment un style et un trait particuliers que j’admire vraiment : cette maestria dans le maniement du crayon, dans l’utilisation des multiples guillochis qui au final forment les volumes ou invitent les couleurs… C’est toujours… waouh ! Et donc j’étais curieux de voir ce qu’allait donner le dessin d’un disciple.

Après mon survol rapide, j’ai déploré que l’encrage gâchait un peu les choses. Là où tous ces fameux traits d’ombres et de volumes restaient moins noirs dans les planches de Serpieri, ils étaient là à mes yeux un peu trop… appuyés. Mais à vrai dire, plonger ensuite dans la lecture m’a vite fait me rendre compte qu’une certaine accoutumance se fait et que ça ne gêne plus à la longue. Donc bravo l’artiste ! Ce n’est pas du Serpieri à 200% (et certains dessins un peu moins bien proportionnés que d’autres ont tendance à nous rappeler qu’on n’est plus devant les dessins du Maître) mais ça en prend vraiment le chemin et avec un peu plus de travail et d’appropriation des codes graphiques du père de Druuna, l’illusion pourrait être totale dans quelques albums sinon dans quelques planches. Encore bravo.

Côté background, comme je le suggérais, c’est raccord avec la complexité des univers qu’avait échafaudés Serpieri. On a donc peur d’être au début d’un grand brinquebalement qui nous fera vite perdre pied mais on se met à compter sur Schreiner pour simplifier certaines choses. Les grandes lignes de ce premier album sont toutefois claires : des méchants, des gentils, une fuite et des rencontres qui se feront sous le signe de l’horreur ou dans le registre sexuel. On notera d’ailleurs que les scènes de cul sont explicites et jalonnent l’ouvrage. On criera par contre peut-être au moins une fois au truc un peu "too much" : lorsque Druuna et Kartes, alors qu’ils sont en fuite, profitent d’une case pour faire dans un décor pas très glam une partie de jambes en l’air… M’enfin ! On achète Druuna aussi un peu pour ça, nan ?

Appréhension, donc, en abordant cet album. Mais agréable surprise. On n’est pas dans une reprise artistique complètement à côté de la plaque. On adhère donc. En tout cas, moi !
 

Par Sylvestre, le 17 mai 2022

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