DOUCEUR DE L'ENFER (LA)
Tome 1

Le 26 avril 2006, Billy Summer est de retour sur San Francisco après avoir passé un long séjour en Corée, au cours duquel il a vécu une histoire qui restera gravée dans sa mémoire. Quelle est-elle ?

Quelques temps auparavant, c’est à la demande de sa grand-mère mourante que Billy s’envole pour Séoul afin de participer à une cérémonie commémorative en l’honneur des anciens de la guerre de Corée, durant laquelle son grand-père, dont les restes ont été retrouvés récemment, sera décoré à titre posthume. Ce voyage est l’occasion, pour le jeune homme, de faire le point sur sa vie sentimentale avec Emily, mais aussi de rentrer dans le passé inconnu de son ascendant. C’est lors de la rencontre avec un vétéran et de fil en aiguille, avec un ancien soldat coréen Kim Ki Soon, que Billy va apprendre la plus stupéfiante des nouvelles.

 

Par phibes, le 1 juin 2011

Notre avis sur DOUCEUR DE L’ENFER (LA) #1 – Tome 1

La douceur de l’enfer est le premier album traité en solo par Olivier Grenson. A ce titre, il était donc somme toute naturel que cet auteur au talent reconnu pour son graphisme raffiné vienne faire ses preuves dans la superbe collection Signé de chez Le Lombard.

Augurant un diptyque annoncé, cet opus nous plonge dans une sorte d’intrigue familiale américaine à tiroirs, au cœur de laquelle des secrets bien enfouis portés par des intervenants restent à découvrir. Pour cela, Olivier Grenson met en avant son personnage principal, Billy Summer, jeune individu qui va être entraîné, un peu malgré lui (par obligation morale), dans une quête familiale aux circonvolutions inattendues. S’appuyant sur des bases historiques réelles (la guerre de Corée), se faisant fort d’imprégner son récit d’un effort de mémoire et d’ambiances intimistes, le voyage auquel on assiste permet d’appréhender progressivement le jeune personnage central par rapport à sa famille des plus réduites (sa grand-mère et feu ses parents et soeur), à ses relations particulières avec son amie Emily et à ses investigations extraterritoriales.

Le bond dans le temps est un exercice que maîtrise sympathiquement Olivier Grenson. Ce dernier, via des cassures scénaristiques qui éludent toute linéarité, diversifie ainsi son récit et construit progressivement la personnalité de Billy. Souvenirs d’enfance, douleurs passées et présentes, liaisons sentimentales délicates, découverte de la destinée d’un ascendant, s’entrechoquent adroitement, tendant à définir le destin tortueux du jeune homme qui n’en a pas fini avec les surprises. Mais ces soubresauts dans les époques sont aussi l’occasion de préparer à un final qui viendra faire basculer l’histoire.

C’est toujours un plaisir de retrouver Olivier Grenson et son graphisme coloré empreint d’élégance et de délicatesse. Après avoir œuvré sur le personnage plein de féminité de Julie dans La femme accident avec Denis Lapière, l’artiste masculinise son trait en donnant vie à Billy. Usant de la même sensibilité picturale que précédemment, il met en évidence des scènes auréolées d’un certain humanisme, d’une apathie caractérielle captivante donnant vie à des moments d’expressions profondes, au gré de regards perdus dans des rêveries que l’on aimerait pénétrer. De fait, le dessin est beau, pénétrant, subtilement statique, voire poétique.

Un début de voyage plein de promesses !

 

Par Phibes, le 15 juin 2011

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