DORA
L’année suivante à Bobigny

1962. Dans la cité de l’Abreuvoir, à Bobigny, nous suivons le quotidien de trois jeunes femmes, trois amies qui évoluent entre ces murs de béton, alors qu’au loin L’Algérie s’apprête à devenir indépendante…
Dora rencontre Geneviève, la jeune actrice qui vit dans une camionnette, c’est le coup de foudre, le bon moment pour avoir une première expérience avec une femme, elles se regardent, s’embrassent… Odile continue son engagement politique et découvre l’amour, elle aime beaucoup Didouche bien qu’il ne rêve qu’à Djamila, mais pris dans leurs moments tous les deux ils finissent par coucher ensemble… Dora entre en contact avec une avocate spécialisée dans la recherche d’anciens nazis. La jeune femme accepte de mettre à la disposition de Béatrice et son équipe ses archives et commence à les aider à récolter des témoignages…

Par fredgri, le 6 août 2013

Notre avis sur DORA #2 – L’année suivante à Bobigny

Deuxième volet de cette très touchante série. Minaverry se concentre sur les personnages, bien plus que sur le cadre politique et social de l’époque. Certes on reconnait qu’il y a de la recherche et des reflexions intéressantes, mais très vite on se laisse complètement séduire par ces jeunes femmes "ordinaires" qui se découvrent, se rencontrent, qui tentent de trouver des réponses aux multiples petites questions qui ponctuent leur quotidien. Elles sont magnifiques sans le savoir, elles s’observent, se disent que les jambes de Geneviève sont très belles, que le sourire de Dora est craquant et que les petits yeux rieurs d’Odile sont le centre de la page !
Ces femmes sont des amies, et nous aimerions bien les inviter.

Minaverry alterne donc, avec beaucoup de subtilité, les points de vue. Tantôt avec l’une, tantôt avec l’autre, le récit se déplie lentement au grès des petits moments passés avec l’une des trois narratrices. Il y a beaucoup de légèreté dans la narration, c’est très fluide, l’auteur s’amuse, joue sur les détails, s’arrête sur un bout de tissu, sur un bracelet, tout en menant aussi, en fond, un travail documentaire très précis sur le cadre, sur cette libération de l’Algérie, sur ces recherches de témoignage. Mais à aucun moment cela ne devient un récit documentaire, on est bel et bien dans un voyage intimiste, main dans la main avec ces trois belles héroïnes.
Minaverry continue donc de développer ses personnages tout en introduit de nouveaux : on découvre alors Geneviève, la belle gitane volage et adepte de la simplicité dont la famille a été exterminée par les nazis, il y a aussi Béatrice Roubini, l’avocate chasseuse de nazis, qui prend sous son aile Dora, en quête d’action. La série s’étoffe, prend de nouveaux reliefs et gagne en profondeur et en finesse.

En lisant ce très bel album je n’ai pu m’empêcher de penser aux histoires de Jaime Hernandez, par exemple, j’y retrouve le même amour des personnages, cette façon d’écrire si particulièrement touchante. Le charme opère tout de suite, d’autant que graphiquement c’est juste sublime, un trait épuré et très gracieux, une narration centrée sur l’essentiel avec régulièrement des petites expérimentations vraiment parfaites de justesse !

Une vraie découverte que ce très bel album, ça pourrait être l’occasion pour vous de vite sauter sur le premier volume sorti l’année dernière !

La très belle surprise de cette rentrée ! Laissez vous charmer par ce dessin et ces héroïnes !

Par FredGri, le 6 août 2013

Publicité