DOGGYBAGS ONE SHOT
Trenchfoot

Trenchfoot est une localité de la Louisiane. Perdue au fin-fonds de cet Etat américain, elle vit au rythme d’une populace qui n’a absolument rien d’engageante. Sid Widow, les deux pieds dans la merde, en fait partie. Un soir, alors qu’il vient de claquer le salaire de la semaine, il tombe sur un chien errant sur la route. Voyant en lui l’occasion de se faire du pognon, il l’adopte immédiatement. Il en profite pour passer chez Cindy, junkie de son état, pour un extra qui ne vient pas. Quelques jours plus tard, il fonce jusqu’à la ferme gérée par Lazy Cole dans laquelle il élève des alligators et organise secrètement des combats de chiens. Avec l’intention de gagner la mise cette fois-ci, Sid Wilow engage son nouveau chien qui finit par gagner par abandon. Mais Lazy Cole n’est pas prêt à payer parce que Sid a triché. Aussi, l’encaissement va se faire de façon physique. Après une bonne séance de tabassage, il rejoint sa bagnole et trouve un larfeuille plein d’argent et un ticket de loterie. Serait-il en veine ? Et si oui, saura-t-il en profiter ?

Par phibes, le 29 janvier 2021

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Notre avis sur DOGGYBAGS ONE SHOT # – Trenchfoot

Après Teddy Bear et Mapple square, et toujours sous le couvert de la collection label 619, l’éditeur Ankama grossit son catalogue DoggyBags en proposant un nouveau récit complet signé par Mud (auteur patenté de ce catalogue) et Nicolas Ghisalberti dont c’est la première expérience.

L’on concèdera bien volontiers que l’histoire de Sid Wilow prend toute sa place dans ce concept éditorial. En effet, ce personnage pour le moins détestable bénéficie de tous les ingrédients qui siéent pour nous immerger dans un univers sale et sombre, dégradé, nauséabond mais ô combien marqué et marquant. Comme l’exige le cahier des charges éditorial, le lecteur pénètre avec brio un cadre sordide où la désillusion, l’horrifique et même la connerie humaine se révèlent des mets de choix pour les artistes.

A n’en pas douter, eu égard à ses précédentes créations, Mud joue très habilement sur le politiquement incorrect, mettant en évidence une société contemporaine en marge de la bienséance, où les coups les plus abjects sont assenés. Entre drogue, combats illicites d’animaux, violences et tueries gratuites, l’artiste honore avec férocité la bêtise avec un grand B, Sid Wilow en étant le symbole incarné. A la faveur de cette apothéose de déshumanité, il nous dresse un parcours jouissivement tordu dont on ressort totalement abasourdi.

Cette équipée se veut d’autant plus sensationnelle qu’elle bénéficie d’un graphisme déliquescent qui lui convient parfaitement. Pour une première, Nicolas Ghisalberti marque des points, grâce un travail délié incisif, acidifiant, qui bénéficie d’aucune retenue et qui met en exergue un univers « marécageux » dans lequel l’humanité a perdu toute emprise.

Un one-shot corrosif, crade et frissonnant, qui se veut un hymne à la bassesse humaine et qui remue efficacement les tripes. Les amateurs du genre, et ils sont nombreux, sauront l’apprécier grassement. Sensations garanties !

Par Phibes, le 29 janvier 2021

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