DOGGYBAGS ONE SHOT
Teddy Bear

Dans un pays d’Afrique grevé par une guerre civile, le jeune Odrissa a été capturé par des rebelles et emmené de force dans un camp fortifié avec d’autres enfants. Promis à devenir un soldat comme ses geôliers, il se voit soumis à une sélection morbide où nombre de ses pairs sont abattus froidement. Ayant survécu à ces brimades mortelles, le garçon, mis à nu, se retrouve bientôt en face du grand chef rebelle, le Lion King. Ce dernier, dans un sermon d’illuminé, l’exhorte avec d’autres à faire une offrande aux dieux en allant chercher un bébé crocodile. Malgré le danger, Odrissa parvient sous les effets de la poudre blanche qu’on lui a remis à capturer la fameuse bestiole. Intronisé rebelle à part entière, Odrissa se voit participer à sa première rafle dans un petit village d’infidèles qui serait aux mains des militaires. Dans l’échauffourée sanglante qui en découle, le garçon fait sa première victime, un bébé. Il reçoit alors son nom de bataille, Teddy Bear. Lors de nouveaux affrontements, sous les effets de l’alcool et de la drogue et encouragé par ses acolytes, le jeune rebelle ne fait pas de quartier. Jusqu’au jour où les premiers cauchemars le perturbent. Les morts seraient-ils en train de se venger ?

Par phibes, le 15 mai 2018

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Notre avis sur DOGGYBAGS ONE SHOT # – Teddy Bear

Doggy Bags est une série de bande dessinée française qui, sous l’égide de la collection label 619 des éditions Ankama, a la particularité de mettre en avant des récits à la teneur horrifique et/ou fantastique, dans des excès de violences exacerbés. Après 13 volumes construits par toute un collectif on ne peut plus inspiré, l’éditeur a décidé de clore cette saga et de la relancer selon un nouveau concept, proposant une histoire complète par tome. Doggy Bags One-Shot est né et voit le jour grâce à cet album composé par un duo d’habitués de la série originelle, Francesco Giugiaro et Jérémie Gasparutto.

Teddy Bear (ours en peluche en français) se réfère à un pan de destinée qui a tout pour remuer les tripes. Elle correspond à celle d’un jeu garçon noir qui, plongé dans une guerre civile dévastatrice, se voit, suite à un endoctrinement abject et usage de stupéfiants, transformé en un enfant-soldat. Le parcours qu’il nous est dépeint est pour le moins douloureux, semé de cadavres, de rixes effroyables et par extension de cauchemars.

Inspiré évidemment par ce que tente de condamner l’ONU et toutes autres organisations planétaires, Francesco Giugiaro nous livre une histoire impitoyable, percutante, sans aucune retenue, entrecoupée de dossiers didactiques intéressants, qui prend toute sa dimension parce que proche d’une certaine réalité et surtout indissociable d’une horreur devant laquelle on ne peut rester de marbre. Il torture notre sensibilité en nous rendant témoin du traitement infâme subi par l’enfant, de sa métamorphose en tueur sans pitié, de son délire psychotique et ne laissant envisager que peu d’espoir.

Il va de soi que la partie graphique conforte assurément ce sentiment de malaise généré par le sujet. En effet, Jérémie Gasparutto utilise une mise en images particulièrement frappante. Grâce à un détail volontairement horrifique, l’artiste use d’un trait implacable, mettant en exergue un réalisme violent qui correspond complètement au concept de la saga.

Une histoire complète sans appel, terrifiante à souhait, sur un sujet qui pousse inévitablement à la réflexion. Pour lecteurs avertis !

Par Phibes, le 15 mai 2018

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