DEUX PASSANTES DANS LA NUIT
Arlette

A la tombée de la nuit, dans une froidure saisissante, Arlette sort de prison. Ayant purgé une peine de 3 ans pour un délit qu’elle n’a pas commis, elle retrouve enfin le monde libre. Alors qu’elle attend quelqu’un qui ne vient pas, elle peut constater que Paris, qui subit l’Occupation allemande, est désert. Elle se décide alors à aller frapper au garage d’une connaissance. Un groom lui confie qu’il n’y a personne et l’invite à pénétrer dans son cabaret pour se réchauffer. C’est là qu’elle assiste à un spectacle de magie donné par Anna. Subjuguée par ses tours, Arlette décide de la rencontrer. Mais la magicienne est du genre taiseuse et Arlette quitte l’estaminet. C’est alors qu’elle est témoin de la sortie précipitée d’Anna qui semble avoir les flics aux trousses. Après une fausse peur, les deux jeunes femmes s’accordent pour faire un bout de chemin ensemble. Leur périple à travers le Paris nocturne va être un tantinet mouvementé.

Par phibes, le 6 septembre 2020

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Notre avis sur DEUX PASSANTES DANS LA NUIT #1 – Arlette

Connu pour ses réalisations dans le milieu du cinéma telles "Les bronzés", "Viens chez moi j’habite chez une copine", "Une heure de tranquillité"… Patrick Leconte sait également œuvrer dans le 9ème art. S’associant avec Jérôme Tonnerre, un autre scénariste passionné de cinéma, il vient nous offrir un récit qui, à prime abord, a été pensé pour le cinéma. Se ravisant, les coscénaristes ont décidé d’en faire une bande dessinée qui devrait se décliner sur deux tomes.

Deux passantes dans la nuit n’est certainement pas une équipée bucolique, mais plus un voyage urbain qui a la spécificité de se dérouler à travers la capitale française, pendant l’occupation et ce, durant une seule nuit. Vécue par deux jeunes femmes que tout divise, cette traversée parisienne a pour conséquence de leur faire vivre de nombreuses péripéties.

A la lecture de cette première partie, on a l’impression que Patrick Leconte et Jérôme Tonnerre ont voulu jouer sur les contrastes. En effet, Arlette est libérée dans un Paris occupé, elle est blonde, Anna est brune. L’une est pétulante, l’autre taciturne, l’une sait où elle va, l’autre pas du tout, l’une sort de prison, l’autre (juive) pourrait bien y aller, la Capitale est grevée par le couvre-feu et désertée, il y subsiste pourtant dans ses murs, une grande activité… Fort de cet antagonisme intéressant, l’association d’Arlette et Anna permet donc d’engager une « visite » intra-muros ponctuée par des rencontres surprenantes.

De fait, même si cette balade au clair de Lune peut paraître un tantinet insolite, elle a tout de même le privilège de nous faire vivre, sans un excès verbal, des moments dont certains forts en émotions, d’autres plus légers. Le parcours scénaristique est linéaire, s’établit dans une certaine conventionalité et met en exergue des personnages atypiques qui peuvent à tout moment subir le pire.

Alexandre Coutelis renoue avec Patrice Leconte cinquante ans après Pilote. Grâce à ces retrouvailles, l’artiste a l’opportunité d’offrir à ses deux scénaristes une illustration qui sied à merveille à l’histoire. D’un encrage remarquable et d’une belle expressivité, son dessin s’accorde avec brio avec le cadre historique de cette équipée nocturne. Sans excès de style, il signe une participation qui se veut remarquable par la belle représentation de ces personnages et surtout le superbe travail sur les décors urbains de Paris.

Une première partie bien engageante d’une traversée parisienne nocturne aux ambiances subtilement contrastées.

Par Phibes, le 6 septembre 2020

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