DESTINS
Une belle histoire

Ayant échoué en pleine guerre civile africaine, les représentants de l’ONG Wafa ont été capturés et condamnés à mort par un groupe de rebelles. Ellen Cluster se voit toutefois accordé la vie sauve si elle filme l’exécution. Mais elle a choisie de ne pas obtempérer et attend elle aussi son heure. Contre toute attente, le camp rebelle est envahi par l’armée régulière, ce qui permet à Ellen d’être secourue tandis que ses compagnons sont embarqués par les fuyards. De retour à Kinanga, la jeune femme joint son mari pour le rassurer et apprend de sa bouche que son père est décédé. Dépitée et totalement isolée sur un territoire en proie aux plus vives tensions, elle décide d’aller se recueillir dans un cimetière. En ces lieux silencieux, elle y rencontre Paul, un individu un brin nostalgique et entreprenant.

 

Par phibes, le 12 octobre 2010

Publicité

Notre avis sur DESTINS #7 – Une belle histoire

Lors de l’épisode n° 3 (Le piège africain), Ellen Cluster, la protagoniste principale de cette saga à nombreuses branches parallèles, est opposée à un cruel dilemme vis-à-vis de ses confrères de voyage humanitaire. Le tome précédent est celui par lequel on a pu suivre les évènements lourds de conséquence liés à son acceptation de filmer l’exécution de ses collègues. En ce nouvel opus, c’est le contraire. Ellen a décidé de ne pas collaborer avec les ravisseurs.

Considérant la décision prise, la destinée de l’héroïne change de tout au tout par rapport aux péripéties précédentes de telle manière que sa captivité de trois jours est mise rapidement de côté et que la belle exilée parte pour une nouvelle aventure. A ce titre, cette dernière va se déclencher par l’annonce d’une mauvaise nouvelle (qui curieusement n’est pas celle concernant le drame vécu au collège par son fils) et par l’intervention d’un nouvel individu, Paul, personnage au comportement équivoque.

Pour cette circonstance, Rodolphe prend la suite de Kris au scénario et vient monter de toute pièce une histoire aux ambiances romantiques (la belle se voit infidèle pour la 2ème fois – voir tome 5). Ce scénariste prolifique et émérite nous engage dans une rencontre pleine de douceur, de tendresse et de tristesse aussi, qui pourrait rendre jaloux bien des célibataires. Voilà une histoire comme elle est belle, pourrait-on dire, sans vague, sans verbe plus haut que l’autre. Mais attention, rappelons que c’est Rodolphe qui a les rênes de celle-ci et qui peut les tirer à sa façon. De fait, d’un coup de baguette bien ajustée, le récit pratiquement dans son final, prend au dépourvu, en quelques cases, casse le mythe et vire dans une direction insoupçonnée et surprenante (mais chut, je ne dirais plus rien).

Cette amourette à l’africaine est portée par le dessin tout en douceur de Jean-Luc Serrano qui vient ici faire preuve d’une maîtrise picturale d’une beauté attachante. Son travail sur les personnages draine une mélancolie subtile et démontre une recherche d’une grande sensibilité dans les expressions, dans les regards, dans les postures. Les couleurs de Marie-Paule Alluard, sans violence de ton, accompagnent délicieusement ce graphisme qui révèle une profondeur de sentiments bien plaisante.

Oui, je le confirme, ce nouveau choix est une bien belle histoire mais gare à conserver les pieds sur terre !

 

Par Phibes, le 12 octobre 2010

Publicité