DESTINS
La prison

Ellen Cluster a avoué sa participation à un cambriolage sanglant perpétré il y a quelques 17 ans. Par ses aveux tardifs, cette dernière a certes permis à Jane Tyler d’échapper à la peine de mort mais a le désavantage d’être condamnée et enfermée dans un établissement disciplinaire pour femmes. En ces lieux lugubres, la terreur règne et la jeune femme se voit soumise à un régime des plus durs, partagée entre les menaces avilissantes de ses codétenues et les sévices du personnel carcéral. C’est alors qu’Oprah Brown, républicaine prônant la suppression de la peine de mort et prétendante au poste de gouverneur, s’empare du cas d’Ellen, et sous couvert d’une bonne dose de médiatisation, fait transférer la jeune femme dans une prison moderne spécialisée dans le réapprentissage des prisonniers. Considérant les conditions presque idylliques qu’elle découvre, la détenue reprend espoir. Mais, malheureusement pour elle, ça ne va pas durer…

 

Par phibes, le 24 octobre 2011

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Notre avis sur DESTINS #12 – La prison

Avant-dernière strate de l’arborescence de la saga liée à la destinée tumultueuse et multipistes d’Ellen Cluster, La prison vient recentrer les deux parcours parallèles de celle-ci dans l’option qui relève de sa volonté de se culpabiliser pour un crime (parcours bleu).

Ce douzième tome, s’il confirme la condamnation de l’héroïne à la suite, d’un côté, de sa décision de se constituer prisonnière (Family Van) et de l’autre, de sa participation au procès (Le procès), nous entraîne une nouvelle fois dans des circonvolutions qui sentent à plein nez la manipulation. De fait, la pauvre Ellen se voit sévèrement brimbalée, psychologiquement mise à mal par de nouveaux personnages malheureusement peu scrupuleux du genre humain.

Pour ce faire, c’est Frédéric Richaud (romancier, coscénariste du Maître de peinture et de Jean-Jacques, auteur de Le peuple des endormis) qui agit sous l’impulsion aiguisée de Frank Giroud et qui nous entraîne dans un récit assez sombre dédié à deux univers carcéraux féminins sans pitié pour ses locataires. Dans ces ambiances écrasantes, il anime son personnage principal avec justesse, tantôt rebelle, tantôt curieux, tantôt affligé et nous fait vivre habilement le parcours presque sans appel de la jeune détenue. Bien sûr, dans son évolution maîtrisée, il suscite l’espoir par l’intervention du mari éploré et d’un politique dont on attend ses réelles intentions.

Emotionnellement, l’histoire tient en haleine par le fait de cette destinée qui n’en finit de faire le yoyo entre toucher le fond et éveiller une certaine espérance. Frédéric Michaud reste maître de celle-ci et lui instille progressivement, dans une suspicion d’anormalité, une tendance dramatique lorgnant vers l’horreur manipulatrice.

Le dessin stylé d’Eugenio Sicomoro (un fidèle à Makyo comme Frédéric Richaud) est d’une excellente facture. Sorti tout droit de l’école italienne, son coup de crayon se veut un appel à l’authenticité, aux proportions remarquables et surtout à la sensualité graphique de ses personnages (Lumière froide, La porte au ciel…). Servi par une colorisation chaleureuse, modelante, son travail distille un message clair, convaincant et expressivement subjuguant.

Une étape intrigante et puissante dans l’arbre de la destinée d’Ellen Cluster.

 

Par Phibes, le 24 octobre 2011

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