Journal d'un conseiller à Matignon

En ce début d’année 2013, Matthieu Angotti est conseiller à Matignon, un rôle qu’il occupe depuis 6 mois. Après avoir piloté le Plan contre la Pauvreté, il est retenu pour faire partie des responsables du chantier de refondation de la politique d’intégration que veut lancer le Premier Ministre, Jean-Marc Ayrault. Mais c’est une mission pavée d’embuches. D’ailleurs, elle s’appuie sur le fameux rapport Tuot, qui n’a pas fait dans le consensuel. Attention, dossier explosif !

Par legoffe, le 24 mai 2017

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Notre avis sur Journal d’un conseiller à Matignon

Cette bande dessinée arrive en pleine recomposition de la vie politique du pays. A point nommé donc tant elle ouvre les yeux des lecteurs sur la mécanique gouvernementale française. En racontant son expérience personnelle à Matignon, Matthieu Angotti dévoile les coulisses des plus hauts sommets de l’Etat, celle des projets et des querelles d’égo, des idéologies et des rendez-vous manqués, des personnes qui peuvent faire basculer un projet dans l’avenir ou dans l’oubli.

C’est une chance de pouvoir obtenir ainsi le témoignage d’un des pilotes du chantier de refondation de la politique d’intégration. Nous découvrons à quel point il est complexe de voir des réformes aboutir.
La BD se concentre sur le rôle des conseillers qui oeuvrent dans l’ombre. Des bosseurs acharnés qui ne comptent pas leurs heures et n’ont jamais vraiment droit au repos. Ils vivent à toute allure, celle dictée par les médias et les hommes politiques qui ont besoin d’eux.

Nous croisons d’ailleurs plusieurs fois Jean-Marc Ayrault, alors Premier Ministre. L’occasion de voir comment ces hommes d’Etat prennent leurs décisions ou pilotent les sujets. Ils ont, en effet, une multitude de dossiers à faire avancer au gré des obligations, des projets ou des échéances politiques. Le président Hollande, lui, ne se montre jamais, mais il est souvent en filigrane dans les conversations.

Les femmes et les hommes de l’ombre doivent composer avec les querelles d’influences (une fois encore, les politiciens semblent plus se méfier des « amis » de leur Parti plutôt que de l’Opposition), les interprétations de médias qui préfèrent souvent le sensationnalisme, quitte à transformer un peu la vérité, etc.

L’auteur évite le jugement et fait son maximum pour s’en tenir aux faits et nous montrer les processus qui gèrent les grandes orientations du pays et, donc, d’une certaine manières, nos vies.

En outre, le livre touche à un sujet aussi sensible que passionnant, celui de l’intégration. L’auteur ne manque pas de rappeler qu’il faut éviter la confusion entre intégration et immigration, deux sujets différents, mais il constate que, même dans les Ministères, l’amalgame est vite fait.

L’ensemble est mis en image par Robin Recht qui a le sens du découpage et un coup de crayon dynamique, renforcé par des jeux d’ombres et un usage du noir intense qui donne beaucoup de relief aux planches. L’esprit est proche du monochrome, ce qui donne de l’originalité au livre même si cela peut en rebuter certains.
J’admire aussi la capacité de Recht à retranscrire l’humeur des personnages sans pourtant avoir besoin de beaucoup de détails. La simplicité au service de l’efficacité…

C’est donc, globalement, une BD très intéressante que nous proposent les éditions Delcourt. Et, même si le changement semble être de mise aujourd’hui, pas certain que le nouveau système s’éloigne beaucoup de ce que nous avons découvert à travers ces pages. Vous pouvez donc vous plonger dans cette lecture sans vous poser de questions… elles viendront plutôt après la lecture !

Par Legoffe, le 24 mai 2017

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