La dernière cigarette

Un instant, un bref instant suffira pour que deux hommes en guerre voient leur chemin se croiser. Ils sont soldats, nous sommes en 1943, ça se passe en Ukraine. Ennemis ils n’ont en commun que le pouvoir de décision et le goût du tabac.
Dans un réflexe de survie, les deux hommes se retrouvent face à face, non pas sur le champ de bataille mais dans un abri. L’échange d’une cigarette leur donnera une raison suffisante pour se frôler sans s’agresser.
Un quart d’heure surréaliste consumé avec maîtrise par chacun des deux hommes dont le destin se poursuivra jusqu’au moment de la dernière cigarette.

Par MARIE, le 1 janvier 2001

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3 avis sur La dernière cigarette

Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre avec cette bd : « la dernière cigarette » , cela doit etre un type qui raconte qu’il va arrèter de fumer peut être! En fait non. C’est une histoire d’Hommes pendant la seconde guerre mondiale : de respect, de la folie meurtrière et de la stupidité des hommes en tant de guerre. Un officier russe et un officier allemand : 2 ennemis qui le temps d’une cigarette feront la paix.
Alex Nikolavitch(Spawn; simonie;…) signe un très bon scenario digne des meilleurs films de ce genre. Servi par un dessin sublime de Botta dont c’est la première bande dessinée.
Je vous la recommande chaudement !

Par BERTHOLD, le 31 janvier 2005

Vous avez du feu ? Question récurrente du dragueur qui cherche à enter en contact ! Finalement du plus loin qu’il soit possible de se souvenir, le feu semble être, entre autre, un bon moyen de communiquer. Il rapprochait les tribus à la préhistoire, il accorde parfois les violons romantiques et ici, Alex Nikolavitch l’utilise pour rapprocher deux ennemis le temps que dure une flamme.
Le thème principal est la guerre naturellement avec toutes ses injustices, ses cruautés et ses prises de conscience aussi. Nikolavitch écrit une histoire magistrale et forte sur ce thème. Il ne tergiverse pas, le ton est direct, rapide. Il décrit sans ambages et montre le cœur de l’homme avant de montrer son visage.
Le dessinateur le sert avec des parts d’ombre sur fond noir qui ne laisse pas le choix au lecteur. Il faut creuser pour voir plus loin.
C’est plein d’ellipses, certes, mais conduites avec douceur. On n’y court pas… on s’y promène. Chacun peut donc interpréter le comportement de ces hommes selon ses convictions personnelles mais la suspension du temps au moment d’une paix illusoire voire contrainte est nettement mise en avant. Ainsi le pont de singe est jeté et d’un bord comme de l’autre on se respecte, voire même peut être comprend-on l’aberrante situation. Rien de tel qu’une rencontre pour ouvrir les yeux et apprendre la tolérance.
Le dessin très personnel est rempli d’humanité et le travail de la matière amplifie encore l’ambiance d’intériorité du héros, ou plutôt du récitant. Marc Botta utilise le n&b et la bichromie pour mettre ses personnages en situation. Il joue de la pénombre et du flou, choisit la lumière parfois selon ce qu’il veut montrer.
Il dessine d’un trait précis encré finement ou au contraire peint en épaisseur comme au couteau, sans encrage à la manière de certain comics. C’est superbe et impressionnant.
Quelques cases fortes provoquent la chair de poule. Notamment la découverte des survivants des camps. Ainsi je vous conseille de lire dans la foulée (juste après) « Le Tour de Valse » (Collection Aire Libre chez Dupuis de Lapière et Pellejero) qui fige également l’Histoire dans l’histoire.
Ne loupez pas cet album très réussi et d’une grande qualité narrative et graphique. Si vous ne le trouvez pas, demandez le à votre libraire, ça mérite le coup d’œil au point qu’une fois lu, on le relit rapidement. Il provoque un besoin, celui de fixer l’émotion et celui de trouver le regard des hommes.
Bravo aux auteurs.

Par MARIE, le 14 janvier 2005

Dans les formes qui se dessinent sur ces planches on devine le regard de ce russe qui ne s’est jamais senti à sa place dans cette guerre, qui est il ? Qui sont ils tous ? Il se retrouve dans cette cave avec cet allemand qui lui aussi semble vouloir trouver ne serait ce qu’un instant, juste une seconde, le temps d’allumer une dernière cigarette.
Dans cet album, le temps glisse et rappelle à chaque pas qu’il a des moments ou tout doit s’arréter, ou les choses et les évènements se fondent pour que les hommes se rassemblent en silence, ne soient plus des énnemis, juste des camarades en pause.
L’écriture de Nikolavitch est pleine de cette finesse nécessaire, on n’entre pas dans les détails de l’histoire, juste quelques évènements pour relever l’atmosphère et bien comprendre les choix de ces hommes, leur honte et leur lassitude. Un récit plein de lenteur et de force, la tragédie de l’histoire qui déforme l’ombre des victimes, qui rougit la pierre des murs.
Mais qu’aurait pu être cet album sans l’incroyable style de Marc Botta ? Chacun de ses plan nous ramène vers l’horreur de cette guerre, vers la poussière de ces allées martelées par les obus ! C’est magnifique, je fond complètement pour les matières, les coups de pinceau, les ambiances qui se dégagent de son travail ! Exceptionnel !
Une oeuvre inoubliable !

Par FredGri, le 30 janvier 2005

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