Dernier tests avant l'apocalypse

Douze brèves histoires indépendantes qui abordent les angoisses du nouveau millénaire, de la ville sur l’homme au travers d’introspections étouffantes, de réflexions sur la place de l’Homme…

Par fredgri, le 15 septembre 2013

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Notre avis sur Dernier tests avant l’apocalypse

Quand j’ai refermé la dernière page de "Derniers tests avant l’Apocalypse", mis à part le sentiment d’avoir eu affaire à une bande dessinée très à part, je me suis dit aussi qu’il fallait absolument que je me rafraîchisse la tête. J’ai été incapable de dévorer l’album d’une traite, non pas parce que c’était difficile à appréhender ou inintéressant, mais simplement parce qu’ici on a l’impression d’écouter un dépressif certes érudit, avec des théories intéressantes, mais complètement perdu dans un constat sans échappatoire de ce que notre civilisation est devenue, dans les signes qu’il voit partout inscrit sur les murs, dans le regards des gens, l’œil fixé sur la télé.

Le cadre même de ces histoires n’est qu’un prétexte pour souligner, encore et encore, cette angoissante oppression exercée par la société qui nous entoure, par la ville, nous englobant progressivement, jusqu’à complètement nous aliéner. L’homme subit donc cet environnement urbain qui le dépasse, qui avale son instinct, pervertissant la notion même de l’humanité pour glisser vers le post-humain, mélange de béton et de chair !
Ainsi, les différents protagonistes s’interrogent sur leur cadre de vie, sur la perception qu’ils en ont. Ils peuvent avoir l’impression de venir d’autre part, que la ville est vivante, que ce bâtiment qui se construit commence à avaler le voisinage… Que petit à petit nous allons droit vers un point de rupture inéluctable, véritable point de fuite de ces millénaires d’adaptation progressifs à ces sociétés tentaculaires, de mutations !

Tom Kaczynski aborde donc de nombreux sujets comme le capitalisme, le communisme, ou les utopies sociales pour faire un bilan sur les effets psychologiques que peuvent avoir sur nous la technologie, les développements sociaux et environnementaux, et ainsi définir ce que nous sommes, notre rapport avec nos propres contours existentiels, notre cadre de vie et la présence monolithique de ces cités qui poussent à vitesse grand V. La ville, l’architecture ont donc une place très importante dans cet album, une place majeure même car elle signifient les nouvelles dimension à suivre, celles qui nous redéfinissent en profondeur !

Le graphisme vient appuyer ce sentiment oppressant, d’emprisonnement, l’homme y est confronté aux lignes droites, à des espaces secs et froids, une jungle géométrique. Le style est limite impersonnel, très austère avec une gestion des couleurs très minimaliste et épurée.
Kaczynski ne propose toutefois aucune réelle solution, il s’agit ici d’un constat, d’une réflexion désillusionnée, et le lecteur devra, par lui même se réadapter, avec ses propres idées !

Alors "Derniers tests avant l’apocalypse" reste une lecture très exigeante, un peu redondante et même rébarbative dans les angles, néanmoins elle a aussi le mérite d’amener des sujets de reflexion passionnants, malgré un ton général qui parfois tombe dans la caricature paranoïaque. On referme l’album avec un fort sentiment de mal-être en regardant par la fenêtre ces immeubles qui s’alignent les uns derrières les autres.
C’est peut-être aussi la grande qualité des œuvres dérangeantes qui interpèlent intelligemment, ne pas nous laisser indifférents !

Par FredGri, le 15 septembre 2013

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