Le dernier livre

Dans le Paris de 2040, posséder et lire un livre est devenu un délit sévèrement réprimandé. Cette terrible répression a été initiée huit ans plus tôt, au moment où le fondateur de Fatalbook est devenu Président des Etats-Unis alors que l’humanité est touchée par un virus mortel. Face à cette menace planétaire et avec l’appui des GAFAM, ce dirigeant a instauré un ordre nouveau en favorisant les entreprises numériques. Les individus se voient obligés de se connecter en permanence au net en portant un masque hautement technologique qui protège en même temps du virus. Eu égard à ces dispositions, le livre papier est banni. Toutes les œuvres considérées nuisibles pour l’homme sont détruites. Un nouveau langage beaucoup plus simple est même instauré supplantant toute forme de culture. Ces décisions gouvernementales produisent leurs effets. Les écoles sont fermées et l’éducation est confiée à des robots instructeurs via des lunettes numériques. Le monde virtuel prend le pas sur la réalité. Des couvre-feux sont établis et une surveillance accrue est mise en place. Dans ce contexte pour le moins avilissant, des enfants de tout milieu commencent à disparaitre. C’est le cas d’Héliade qui, dans un centre commercial, échappe à la surveillance de ses parents.

Par phibes, le 18 décembre 2021

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Notre avis sur Le dernier livre

Après sa vision du mandat de Marine Le Pen en tant que Présidente de la République, François Durpaire revient dans le paysage du 9ème art pour nous dépeindre notre futur, une projection inquiétante qui pourrait, d’après lui, virer au cauchemar si on lui soustrait le livre papier. Associé à Brice Bingono, l’auteur nous livre de fait un véritable plaidoyer en faveur de ce support culturel qui se veut indispensable à l’enrichissement de l’humanité toute entière.

Contrairement à ce que l’on aurait pu croire au départ de cet album, le récit ne se construit pas autour d’une aventure fictive bien précise mais plutôt à partir d’une représentation selon laquelle notre société de demain (dans une vingtaine d’années), grevée par un virus mortel, pourrait se métamorphoser en un modèle numérique qui rendrait la possession et l’usage des livres interdits. Fort de ce contexte qui se nourrit subtilement de notre actualité et qui se veut bien intrigant, François Durpaire se fait fort de faire l’historique du livre, de l’encenser pour abonder sa fiction de base.

Cette évocation assurément bien documentée et didactique donne l’impression dommageable de prendre le pas sur les terribles évènements futuristes imaginés (sur le monopole des GAFAM, sur la montée du totalitarisme, sur la disparition d’enfants…) et a tendance à réfréner l’appétence de départ sur l’intérêt de l’équipée. L’énumération chronologique qui en découle fixe évidemment des repères bien précis et conforte très efficacement la place du livre qui se doit d’être préservé, démontrant ainsi l’amour que porte le scénariste à ce support. Toutefois, elle a le déplaisant effet de casser la tension environnante.

Brice Bingono nous offre, quant à lui, une bien belle mise en images, très réaliste et également très documentée. Se libérant adroitement du carcan strict des vignettes, l’artiste remplit ses planches au gré d’un agencement averti. Ses visions futuristes font impression et les évocations historiques qu’il met en avant font preuve d’une rigueur évidente.

Un one-shot plébiscitant très visiblement le livre mais dont la balance mal équilibrée entre fiction et réalité pèse préjudiciablement sur son attrait.

Par Phibes, le 18 décembre 2021

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