La délicatesse

François et Nathalie se rencontrent à Paris. Ils sont jeunes, se plaisent tout de suite et les petites hésitations du jeune homme s’évaporent vite dans les yeux de la jeune femme. Ils ne voient plus le temps passer ensemble, les années se succèdent les unes aux autres, et un jour François demande la main à Nathalie, le mariage est joyeux. Ils ont tous les deux trouvé un bon travail, mais un jour François descend faire son jogging et se fait renverser par une voiture…
Nathalie arrive à passer le cap de la tristesse, mais François qui n’est plus là a installé un vide qu’elle peine à combler… Il y a bien Charles, son patron, qui voudrait réussir à la séduire, mais rien n’y fait…
Puis, un après midi, sans vraiment le comprendre, elle se lève et embrasse cet employé venu lui donner un dossier… Il s’appelle Markus, on pourrait presque ne pas le remarquer…

Par fredgri, le 28 septembre 2016

Notre avis sur La délicatesse

Dès les premiers mots, on découvre une écriture très juste et particulièrement subtile qui insiste sur les petits moments entre ces deux jeunes gens qui s’aiment simplement, autour desquels les années se déroulent doucement. Le ton est plein d’attention pour ce couple, plein de cette délicatesse que l’on devine derrière la couverture, derrière ce regard en coin sous le titre.

Le récit nous entraîne tout d’abord dans l’histoire quelque peu ordinaire de François et Nathalie, une histoire très évocatrice, magnifiquement bien rythmée au grès des mots, des cases qui s’étalent devant nous. Les pages se succèdent les unes aux autres, on ne sent presque pas le coup venir, qui tombe comme un coup de semonce…

En tout cas, je me suis laissé prendre au piège de cette nonchalance qui prépare lentement le retour à la réalité.
La disparition de François qui fait basculer le récit dans une redéfinition complète de Nathalie. Elle prend soudain un autre profil, plus tendu, plus froid. Elle met de la distance avec tous ceux qui l’entourent. Progressivement, nous la voyons se repositionner, sortir de la brutalité de son deuil, de ce vide qui s’est dorénavant installé à ses côtés.
Le scénario devient petit à petit plus intimiste. Nathalie n’est plus la jeune femme ordinaire d’avant, sur laquelle les évènements glissaient jusque là, elle gagne en profondeur, en finesse, en intimité. On la regarde sortir de son cocon, découvrir la vie, parfois en se trompant, en se fatiguant, en rencontrant d’autres personnes aussi…

En adaptant si justement le livre de David Foenkinos, Cyril Bonin livre un album extrêmement touchant qui ne tente à aucun moment de se réfugier dans l’extraordinaire, dans l’exceptionnel. Au contraire, il guette dans les petits gestes, les sentiments simples ou complexes, l’essence même de la vie et des émotions qui peuvent faire vibrer le lecteur. Et cela fonctionne merveilleusement bien ! Les dessins sont au service du récit, sans chichis, suffisamment expressifs, avec une mise en scène élégante et efficaces. Du très beau travail !

Cyril Bonin signe ici un très bel album qui risque de marquer durablement.

Très conseillé !

Par FredGri, le 28 septembre 2016

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