Defective Stories

(Reprend les segments publiés dans les Heavy Metal 70, 77, 84 à 87 + 94 à 99, regroupés dans l’album Raw Book)
El Borbah est un détective privé vénal par excellence, affublé d’un masque de catcheur il n’a pas sa langue dans la poche. Il est prêt à honorer n’importe quelle enquête, même les plus étranges, du moment qu’un gros chèque ou qu’une grosse liasse de billet l’attendent.
Le voilà donc parti démanteler une clinique de donneurs de sperme, une mystérieuse secte qui organise un trafic de femmes pour les notables du coin, Il doit élucider l’étrange suicide de la femme d’un riche industriel, il enquête aussi autour d’un centre de cryogénisation assez tordu, ainsi que sur l’addiction d’une certaine jeunesse aux prothèses robotiques…

Par fredgri, le 13 juin 2014

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Notre avis sur Defective Stories

Deuxième édition française de El Borbah, après celle des Humano en 85 et avant celle de Cornélius en 2008, cet album rassemble toutes les histoires mettant en scène El Borbah, détective de son état, étrange personnage déguisé en catcheur, qui ne cesse d’insulter tout le monde en s’en foutant des enquêtes qui lui sont confiées, si ce n’est qu’elles peuvent potentiellement lui rapporter des ronds !

Mais ce qui compte, avant tout, c’est surtout l’univers ou il évolue. Un monde peuplé de personnages tous plus barrés les uns que les autres, croisement de toutes les déviances et diverses mutations possible, un monde dans lequel il n’y a pratiquement aucun sens moral, vague mélange entre série noire et ambiance Lynchienne, enquêtes décalées matinées de bizarreries qui entraînent le lecteur vers des récits complètement improbables dans une Amérique malsaine, hantée par ses pulsions, obsédée par une modernité cauchemardesque qui pervertit le corps et l’esprit, qui sombre dans une auto-référence déformée et poisseuse !

On aurait alors tendance à se dire qu’on a droit à du grand Burns, certes alors au début de sa carrière (à peine s’est il fait remarquer dans le Raw de Spiegelman), mais déjà complètement dans ses thématiques telles qu’il les développera davantage ensuite.
Toutefois, bien au delà de ce côté assez glauque, Burns a aussi un style bourré d’humour qui tranche avec l’imagerie troublante de ces histoires. D’autant que graphiquement on est dans un trait magnifique et très clean qui renvoie lui aussi vers une certaine ligne claire expressionniste très contrastée qu’on retrouvera ensuite chez des gens comme Mezzo par exemple !

Toujours est-il que cet album reste avant tout une incroyable introduction, pleine de charme étrange, à l’univers de cet artiste hors du commun qui explosera ensuite sur "Big Baby", sur "Black Hole", ou encore les récentes deux premières parties de son triptyque en cours, "X’Ed Out" et "The Hive" !!!

Un indispensable !

Par FredGri, le 13 juin 2014

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