DE SILENCE ET DE SANG
Dans le courant sans fin

L’ancien journaliste du New York Evening, Ciro Villanova, arrive pratiquement au terme de son évocation sur son passé et plus particulièrement sur les méfaits tentaculaires de la mafia auxquels Johnny Puparo, son "plus que frère", a largement participé. Mais les informations qu’il a délivrées en abondance aux reporters de l’Herald, Tonetti et Kluver, ne sont pas du goût de tout le monde. De fait, il échappe de justesse à une tentative d’assassinat que son ami Charlie Horviath tente de résoudre. Alors que Ciro Villanova abat ses dernières cartes, un danger de plus en plus pressant se fait ressentir autour de lui qui tend à penser que demain n’est que le premier jour du temps qu’il reste à vivre.

Par phibes, le 6 janvier 2010

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Notre avis sur DE SILENCE ET DE SANG #10 – Dans le courant sans fin

Le cycle lié au thème de la Cosa Nostra s’achève avec ce 10ème tome, dans une ambiance morose et aux embruns mélancoliques. Ainsi, l’interview des deux journalistes aura atteint son terme certes, mais en prenant une orientation finale tragique qu’au vu de des messages divulgués tout au long de la présente saga, l’on pouvait présager presque fatalement.

Tout au long de ce cycle, François Corteggiani a su allier documentaire et fiction dans un mixage d’excellente facture. Utilisant un nom d’emprunt (Johnny Puparo) pour traiter du parcours exceptionnel d’un gangster très célèbre, Lucky Luciano, il a dénoncé avec brio cette énorme organisation souterraine qu’est la mafia et qui, au fil du temps, s’est étendue pour grever la société moderne, de la base jusqu’aux plus hauts niveaux de la hiérarchie, usant pour ce faire, de moyens illégaux faits de terreurs et de corruptions.

Fidèle à sa verve narrative, le scénariste relate dans un aller-retour impeccable, les derniers évènements forts avant la mort énigmatique du mafieux Puparo (du congrès avorté d’Apalachin à l’assassinat de J.F. Kennedy et autres détracteurs tel le juge Falcone ou le Général italien Dalla Chiesa). De plus, il y dévoile une fiction au temps présent qui, ici, prend plus de poids que dans les précédents opus, et se découvre dans une émotion et une amertume pesante qui pousse inévitablement à la réflexion.

Le graphisme de Jean-yves Mitton conserve la même présence, dans un réalisme qui convient parfaitement aux nombreuses époques évoquées. Cette authenticité se ressent principalement dans les décors urbains formidablement détaillés où déambulent bon nombre de personnages secondaires. Le travail sur les individus est également admirable de par leurs attitudes les plus variées et les plus rigoureuses.

Il est à préciser que cet épisode est complété d’une curieuse petite histoire d’amour de 6 planches dessinées par Marc Malès (intervenu dans les 3 premiers tomes) qui nous replonge dans l’Amérique des années 10 au moment où Ciro, Giovanni/Johnny et Bartolo commençent à prendre leurs marques et qui fera, in fine, le lien avec les péripéties principales.

Une fin de cycle superbe, sensible et lourde de conséquence à l’image de son titre très suggestif.

Par Phibes, le 6 janvier 2010

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