De ira

La Capitale a été à nouveau frappée par une attaque terroriste qui a provoqué un grand nombre de morts. Alors que la terrible nouvelle est tombée, Pêche et quelques camarades sont allés se faufiler dans un camp extérieur de migrants pour apporter des vêtements, des médicaments, de l’alimentation et autre. Découverts par la milice locale, ils arrivent à prendre la poudre d’escampette et s’éparpillent. Pêche retrouve la ville et finit par tomber sur Caro. Elles font un bout de chemin ensemble tout en devisant sur les dérives de la société. Elles s’interposent dans un contrôle de police malveillant et arrivent à faire fuir les beurs visés. Pêche file à la fac tandis que Caro va voir Rix, un marginal anarchiste illuminé. Alors qu’elle rejoint son taf, elle téléphone à son ami Tayeb qui lui fait part des représailles que les migrants ont subi après leur intervention dans le camp. Evidemment, cette nouvelle la révolte. Une fois au bistrot où elle bosse et après subi quelques sarcasmes de clients, elle tombe sur un vieil homme particulièrement atone. Son attitude la pousse à bout si bien qu’elle rentre chez elle furieuse, si furieuse qu’elle n’a qu’une envie : en découdre violemment. C’est alors que les masques font leur apparition…

Par phibes, le 11 décembre 2021

Notre avis sur De ira

L’année 2021 semble être, pour Stéphane Hirlemann, celle de la révélation qui lui permet enfin d’accéder à la cour des grands. En effet, après avoir illustré L’homme sans sourire avec Louis et Génius avec Salma, l’artiste continue à s’incruster sur les étagères des librairies avec ce nouvel ouvrage qu’il réalise cette fois-ci en solo.

Autant dire que celui-ci a décidé de nous plonger dans un contexte particulièrement rebelle. Sous le couvert d’un titre bien évocateur (ira en latin veut dire colère), l’auteur nous entraîne d’une manière très engagée dans le quotidien pour le moins embrasé de jeunes gens contre un système qui ne leur convient pas. Sur ce dernier point, Hirlemann en dresse un contour très sombre, où les problèmes migratoires, l’injustice, le délit de faciès, le machisme règnent en maître et provoquent un malaise social ô combien délétère. Face à cela, Caro, Pêche et d’autres se révoltent à leur manière, dans une radicalité qui, pour Caro, prend des proportions paroxysmiques et on se demande comment elle va pouvoir retrouver son calme.

Aussi, ce récit ne manque pas d’interpeller entre la dénonciation d’une société en déliquescence et le refus d’une communauté jeune qui n’hésite pas à passer à l’action de façon très désordonnée. Dans cette opposition ambiante et sous le couvert d’interpositions animale et masquée, l’on suit des péripéties qui demeurent un tantinet confuses. En effet, bien qu’il y ait un fonds de vérité et du potentiel, certaines analyses partisanes voire anarchistes se veulent assez difficiles à percevoir et le trouble profond de Caro comme d’autres ont du mal à rester compréhensibles.

Graphiquement, Hirlemann abandonne la couleur pour se focaliser sur un univers noir et blanc avec de larges surfaces de gris. Le dessin semi-réaliste qu’il met en avant est de belle qualité et bénéficie d’un réel attrait. On perçoit de par son trait cette révolte ambiante qui transpire de chaque protagoniste et qui endiable l’histoire contée.

Un récit pour le moins déstabilisant sur l’itinéraire vertigineux d’une jeune fille désabusée et désorientée par une société en total avilissement.

Par Phibes, le 11 décembre 2021

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