Daytripper

Bràs est un journaliste, apprenti écrivain qui se rêve à la hauteur de son prestigieux père, auteur à succès réputé dans le monde littéraire. Il s’occupe de la rubrique nécrologique d’un journal de São Paulo, mais malgré le côté "ingrat" de son travail il y excelle, dégageant très vite une réelle qualité d’écriture, pleine de subtilité, de finesse.
Cependant, alors que se profile un évènement important pour lui, la journée se finit par sa propre mort, soulignée par une épitaphe… A l’image des vies auxquelles il rend hommage toute la journée… Et cela se répète au fil des chapitres… !

Par fredgri, le 5 juin 2014

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Notre avis sur Daytripper

Chaque chapitre de ce remarquable album présente Bras à un age différent de sa vie. Qu’il ai 32, 11 ou 76 ans ça se termine invariablement de la même façon, il meurt à la dernière page.
Néanmoins, les frères Ba et Moon se demandent ainsi ce que pourraient signifier les grands moments de notre vie s’ils devaient en même temps se terminer eux aussi par une épitaphe en hommage à Bras !
Bon, la question ne va pas forcément plus loin, car très vite les auteurs se servent de ce prétexte pour rajouter une sorte d’ambiance fatidique à chaque étape de la vie de Bras qui ne se dit jamais vraiment que la journée qu’il est en train de vivre pourrait être la dernière ! Dès le moment ou l’on comprend qu’il s’agit bien plus d’un procédé narratif que d’une réelle interrogation sur la vie le concept se vide quelque peu de son sens. C’est dommage…

Toutefois, l’écriture, les atmosphères prennent très vite le dessus et on est progressivement séduit par la finesse de ces récits et c’est surtout ça qu’il est important de souligner. Car qu’importe, finalement, que le procédé soit légèrement bancal, ce qui compte c’est que c’est magnifiquement raconté et qu’on est touché par la vie morcelée de cet homme, son quotidien, la relation avec son père, sa mère, ses amours, son style d’écriture etc. Ce personnage nous parle, nous émeut !
Quand on commence Daytripper on tombe tout de suite sous le charme du rythme très lent, limite nonchalant, du scénario, un rythme qui rappelle celui de Brian Wood, qui s’attache bien plus à la démarche de Bras qui marche dans la rue qu’aux grandes idées qui pourraient venir relever ce scénario très subtile. Et c’est ce pas lent dans la rue, cette démarche au travers des cases qui nous transporte, qui impose une sorte de recul pausé à la lecture !

Ainsi, on suit cet homme durant sa vie, qui se pose des questions sur lui, sur son métier, sur ses amitiés, sur ce qu’il veut construire avec sa femme, avec son fils, sa famille. Les textes sont très beaux et les dessins de Moon plein de vie et magnifiques.
D’autant que ces moments recèlent de mille et une petites pépites du quotidien, des instants figés ou un homme continue de déclarer sa flamme à la femme qu’il aime, comme au premier jour ou il croisa son regard.

Un très bel hommage à ces vies qui se construisent, sans être fondamentalement exceptionnelles, qui demeurent malgré tout uniques.
Peut-être sommes nous tous un peu ce Bras qui se redéfinit à chaque chapitre !

Très recommandé ! D’autant que cette édition nous présente aussi pas mal de petits bonus délectables ! (sans compter la postface de Craig Thompson !!!)

Par FredGri, le 5 juin 2014

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