Dans la forêt

Le domaine de Wisteria Grow reçoit son nouveau régisseur, Ombrage. Sinistre individu ayant des intentions bien sournoises vis-à-vis de son futur employeur, Lady Pargminton, il parvient dès son arrivée à attirer l’inimitié de la petite Anna, fille de la propriétaire des lieux. Afin de surveiller l’entreprenant personnage, la jeune fille installe sa poupée Rose sur le perron de la grande masure. C’est alors que durant la nuit une bande de crapauds profitent du poupon pour attirer Anna à l’extérieur de la maisonnée et l’entraîner au plus profond de la forêt environnante. En ces lieux sombres et fourmillants, Anna va découvrir, au contact de personnages mythiques, son passé et sa véritable destinée.

Par phibes, le 10 février 2013

Publicité

Notre avis sur Dans la forêt

Après Les nouveaux pirates et Petit conte léguminesque, Lionel Richerand confirme ici ses aptitudes d’auteur à plusieurs facettes. Intervenant à la fois en tant que scénariste et dessinateur, ce dernier nous introduit dans les ambiances sombres et horrifiques fortement prononcées qui marquent l’imaginaire des enfants dont la collection Métamorphose gérée par Barbara Canepa et Clotilde Vu se repaît.

Le moins que l’on puisse dire est que la qualité est au rendez-vous. L’histoire de la petite Anna se veut pour le moins ensorcelante par le fait qu’elle met en évidence un imaginaire profond, à la limite d’un cauchemar qui certes transcende mais sans vraiment effrayer, peuplé d’êtres fantasmagoriques auprès desquels la petite héroïne va se révéler. Jonglant dans des idées entre la vie et la mort, le parcours initiatique auquel elle est associée se veut plein de surprises, cadencé par des rencontres monstrueuses qui n’ont que pour mission d’affranchir Anna sur ses origines et l’orienter dans son propre avenir. La magie opère grâce aux ambiances oniriques instillées, sombres et inextricables, au mystère sous-jacent de la famille Pargminton qui se doit d’être dévoilé, au rythme impulsé, aux accents légendaires ancestraux et à l’usage maîtrisé des mots.

Il va de soi que l’attrait de cet album passe évidemment par le magnifique dessin de Lionel Richerand. On pourra être subjugué par la richesse de son univers, sa luxuriance à la limite de l’étouffement, par son sens du détail finement restitué, par le soin apporter dans les décors, dans l’apparat complexe des personnages. Ses planches exhalent des atmosphères de poésie, de mystère et aussi d’effroi, assurément appuyées par une colorisation à six mains purement efficace. Et pour bien apprécier cette qualité et cette inventivité dont est pourvu le dessinateur, l’on pourra s’attarder sur son superbe et étrange bestiaire en annexe de l’histoire d’Anna.

Un remarquable conte qui de par sa facture luxueuse et ses ambiances fantasmatiques trouve une place de choix dans la collection Métamorphose et qui vous fera peut-être regarder la forêt autrement !

Par Phibes, le 10 février 2013

Publicité