Dans l'antre de la pénitence

(House of Penance 1 à 6)
L’étrange demeure de Sarah Winchester résonne inlassablement des coups de marteaux des ouvriers qui travaillent 24h sur 24, chaque jour de la semaine, pour satisfaire les moindres lubies architecturales de la maîtresse des lieux. Depuis la mort de son mari, elle est infiniment riche, mais glisse progressivement dans une folie pleine de visions infernales ou les âmes des victimes des armes Winchester viennent la hanter. Toute à son délire elle exige que les ouvriers qui veulent travailler chez elle déposent tous leurs armes, obsédée par la non violence et le besoin de construire un lieux qui pourra satisfaire ceux qui la hantent. Mais arrive un jour un ancien tueur à gage qui souffre des mêmes démons que Sarah… Leurs visions prennent alors plus d’ampleur…

Par fredgri, le 9 novembre 2017

Publicité

Toute la BD, que de la BD !

Notre avis sur Dans l’antre de la pénitence

Dès que l’on entre dans cet étrange album on est happé par le graphisme de Ian Bertram et ces planches qui semblent habitées par les démons que voient Sarah et Peck. Un dessin qui se veut précis, méticuleux, mais aussi incroyablement fascinant. Il rappelle en plus brut le style de Frank Quitely, par exemple !
Toujours est-il qu’on s’immerge tout de suite, sans délais dans cet univers dérangé et dérangeant !

De son côté, Peter Tomasi, que l’on connait bien plus sur ses travaux super-héroïques chez DC, livre un récit qui nous prend aux tripes. Sarah Winchester apparait tout de suite comme une héroïne dont la folie habite chaque recoin de l’album, elle organise obsessionnellement les travaux, détruit des parties de sa maison lorsqu’elle soupçonne une manifestation démoniaque, entretient avec le souvenir de son mari et de sa fille une sorte de lien pernicieux auquel se rattache le peu qui lui reste de raison… Bertram l’affuble d’ailleurs d’énormes yeux fixes et déments qui rajoutent une ambiance vraiment particulière aux planches…
Ainsi, Tomasi installe très vite un cadre extrêmement lourd ou se répètent les visions de Sarah, ou les lieux prennent vie, le tout amplifié par des cadrages et une mise en scène réellement soignés qui rajoutent un aspect presque hypnotique à l’ensemble. C’est une vraie plongée dans la démence d’une femme dont l’univers est hanté par des tentacules de sang qui surgissent du parquet, des murs, autour des uns et des autres, une femme qui a atteint le point de non retour depuis la mort de son mari…

Avec le personnage de Peck, c’est une autre sorte de visions qui s’installe, davantage liée à la culpabilité, les nombreux morts qu’il a laissé derrière lui, ce sang qui s’incruste dans ses mains, ces victimes qui s’amoncèlent l’habitent, déforment son sens de la réalité, il est le parfait interlocuteur qui peut comprendre ce qui détruit progressivement Sarah. Et leurs deux obsessions vont bientôt se rencontrer…

Un album qui reprend donc l’histoire de la célèbre maison Winchester, à San José, en Calfornie, réputée pour être hantée, mais surtout dotée d’une architecture hors du commun… En effet, Sarah fournissait jour après jour de nouveaux plans qui lui auraient été inspirés par les esprits… Du coup, on peut y trouver des escaliers qui mènent directement au plafond, des portes qui s’ouvrent sur le vide, des fenêtre dans le parquet etc. Le lieu parfait pour développer un scénario comme celui de Tomasi qui insiste sur les visions, sur cette atmosphère inquiétante, qui nous surprend tout en interpelant !

C’est vraiment incroyable !

Je ne saurais donc assez vous conseiller de vous pencher sur ce troublant volume qui ne laisse absolument pas indifférent !

Par FredGri, le 9 novembre 2017

Publicité