La dame de fer

 
Le Kent est une région d’Angleterre où l’on attribue encore volontiers le marasme économique à la politique menée jadis par Margaret Thatcher. Quand le décès de la "Dame de Fer" a été annoncé par les media le 8 avril 2013, ce fut donc un peu comme si un rayon de soleil avait percé et c’est avec une joie non feinte que Donald a offert une tournée aux clients de son pub. Cet instant paradoxalement festif a réveilléé en Donald le souvenir de jours heureux passés il y a des années de cela avec ses deux complices Abby et Owen.

Ni une ni deux, il leur a écrit et les a dûment convoqués pour qu’ensemble ils puissent, comme à l’époque, refaire le monde. Tant de souvenirs communs étaient à évoquer ! Et puis y’avait toujours cette moto… Celle Norton qui devait d’ailleurs reprendre du service et enfin départager Donald et Owen pour savoir lequel des deux allait pouvoir draguer Abby…
 

Par sylvestre, le 18 septembre 2017

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Notre avis sur La dame de fer

 
Le temps efface peut-être plus vite les mauvais souvenirs que les souvenirs heureux. C’était la galère, à l’époque de Thatcher : les grèves, la débrouille, les manifs, les bastons, les bières, le chômage ! Donald avait traversé tout ça avec ses potes Owen et Abby, à l’époque. Et ça n’a pas été facile tous les jours. Mais c’est pour célébrer les souvenirs heureux, pas les galères, qu’il leur a demandé de laisser un peu Londres, le temps d’une parenthèse au pays, à Kingsdown, dans leur Kent.

Les ambiances sont assez lourdes tout au long du récit, le ciel n’est jamais bleu. Tout le monde semble être resté comme paralysé depuis toutes ces années par le mal qu’a fait dans le secteur la politique de Thatcher. Combien sont allés pointer au chômage ? Combien se sont retrouvés sur la paille ? Les couleurs de Béa Constant assombrissent savamment les vignettes réalisées par son mari, Michel Constant. Ils veulent nous faire sentir que c’est tout une population qui est restée marquée, sur plusieurs générations.

Tout est triste, tout est gris, mais le décès de Thatcher ne pourrait-il pas justement marquer la fin d’une époque et un regain de dynamisme dans la petite ville côtière des trois anciens potes ? C’est ce qu’ensemble, ils vont essayer de faire. Un projet se dessine alors dans leurs esprits : il n’y a plus qu’à…

La Dame de Fer offre, dans un pur style graphique franco-belge, une fiction optimiste mettant en scène des personnages "qui veulent y croire". Sur fond de contexte social difficile, les auteurs ont convoqué des héros qui vont se retrouver coincés entre des projets pour le futur et l’envie nostalgique de régresser pour regoûter à leurs jeunes années. Le rythme général fait donc penser à un moteur encrassé qui finit par faire avancer le schmilblick sans que ce soit la panacée. N’empêche, l’amitié libère des énergies et rien que pour ça, la réunion des trois copains avait du sens.

Une BD ayant des airs "à la Ken Loach"… Une fiction douce-amère à découvrir aux éditions Futuropolis.
 

Par Sylvestre, le 18 septembre 2017

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