Le culte de Mars

Quelque part dans le futur, les ressources de la Terre se sont épuisées. On a alors envoyé une mission pour explorer Mars, laissant les plus démunis derrière, qui attendent désespérément qu’on vienne les chercher. Petit à petit, au fil des années, les terriens, sans réponse, sont retournés dans l’obscurantisme, noyés dans la superstition et les cultes éphémères…
Voyageant à la rencontre des uns et des autres, le mystérieux Hermès tente malgré tout d’établir une encyclopédie qui concentre le savoir de l’humanité afin de l’aider à aller de l’avant, à se reconstruire. Mais l’espoir qu’un jour, les pionniers reviendront chercher les rescapés est plus fort que tout, la tension monte, les illusions s’effilochent…

Par fredgri, le 10 juin 2020

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Notre avis sur Le culte de Mars

On a découvert Mobidic sur son précédent album, "Le Roi Ours", paru en 2015. On a tout de suite été charmé par la finesse de son écriture qui prenait le temps de développer l’intrigue, qui installait extrêmement bien les personnages, le cadre de l’histoire, laissant transparaître des thématiques écologiques et humanistes très profondes, pleines de charme. On retrouve ici cette personnalité très forte au service d’un récit post-apocalyptique qui nous présente un monde dans l’attente d’un signe que pourrait lui renvoyer une mission envoyée sur Mars, il y a des années. Bien évidemment, cette attente leur obscurcit l’esprit et les empêche de voir qu’autour d’eux le monde qui a repris ses droits recèle de mille et une possibilités. Et plutôt que de les condamner, il peut les amener à redéfinir leur rapport à la nature ! C’est un peu la mission que s’est donné ce mystérieux Hermès dont on ne connait finalement pas grand chose. Renouer avec le savoir du passé pour mieux se reprendre en main, pour évoluer !

L’humanité met donc tous ses espoirs dans une communauté de pionniers qui a disparu il y a des années, comme une sorte de panthéon divin, transfiguré par les croyances, l’illusion d’un monde meilleur, très loin, une sorte de vision du paradis, d’une Olympe fantasmé qui reste lointaine, brillant dans le ciel étoilé, poussant les uns et les autres à échafauder des pseudo-prophéties, à croire en un hypothétique messagers des dieux, venu les rassurer, les guider…

Toutefois, Mobidic ne tente pas vraiment de proposer un récit moralisateur, vecteur de grandes leçons de vie, mais plutôt d’observer la déliquescence d’une humanité qui sombre dans ses espoirs plutôt que véritablement essayer de se reconstruire ! On pourrait presque y voir le parallèle avec ce culte au veau d’or qui nous emporte depuis quelques décennies, la mondialisation qui nous entraîne vers une sorte d’obscurantisme grandissant qui nous pousse à ignorer la raison pour l’instinct, la nature pour l’illusoire…

En parallèle, le dessin est absolument magnifique et très vivant ! On retrouve cet art de la mise en scène, du cadrage, avec un soin tout particulier porté aux expressions, aux atmosphères. C’est sublime !

Une artiste que je vous encourage à surveiller de très près. Un album qui se dévore d’une traite, qui laisse pensif, la dernière page tournée !

Extrêmement recommandé !

Par FredGri, le 10 juin 2020

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