CUISINE DU DIABLE (LA)
Le déjeuner des orgres

Dans les bas quartiers de la cité new-yorkaise des années 30, Anthony Poucet vit pour son amour de jeunesse, Anne. Mais cette dernière est partie avec sa sœur qui a épousé un magnat surnommé Double B. Témoin de l’abominable meurtre de ses parents perpétré par des rivaux au "tailleur", Anthon, dépité, est pris en charge par celui-ci sous l’égide du caïd du secteur, l’ogre. Ce dernier est mis à contribution pour découvrir les coupables de ces exactions dont les effusions vont être à l’origine d’une boucherie sans précédent.

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur CUISINE DU DIABLE (LA) #1 – Le déjeuner des orgres

Marie Damien que l’on connaît pour être à l’origine d’un western animalier "Règlement de contes" et de la série humoristique "Kerozen & Gazoleen", toutes deux éditées par Soleil, nous revient avec cette nouvelle saga, éditée par Vents d’Ouest, d’un genre sanguinolent se déroulant aux Etats-Unis du temps de la prohibition.

Le ton grave et pesant qu’est donné dès les premières pages se maintient tout au long du récit et reflète à merveille les ambiances inquiétantes et morbides de ces quartiers d’une New York en pleine déliquescence. La pègre, omniprésente dans le quartier sordide de "Little Italie" et dans le reste de la ville, est représentée par un duo de mafieux barbares qui vont devoir s’affronter par personnel interposé. Au milieu de ces effusions et de ces turpitudes, un jeune adolescent va, du haut de ses treize ans, se dresser et prouver qu’il existe.

Ce premier opus ouvre une épopée dans laquelle Damien Marie fait un petit clin d’œil au conte du petit poucet de Charles Perrault en le revisitant et en nommant son frêle personnage principal Poucet perdu, avec ses six fréres, au milieu d’un territoire que les ogres se disputent. Le climat de terreur est perceptible grâce aux évolutions de tous ces maniaques d’armes de tout calibre dont l’apparence smart contraste terriblement avec leur esprit belliqueux. Amour, haine et déchéance sont au programme de ce superbe ouvrage qui met en place la cruelle histoire d’un pauvre hère qui n’aspirait, au départ, qu’à de petits desseins. De même, il expose parfaitement le pouvoir tentaculaire de ces êtres perfides, avides de pouvoir, adulés par toute une société de personnages clés.

Karl T. qui a travaillé par ailleurs sur la série "S.C.A.L.P." étale son savoir-faire en exécutant de remarquables graphiques réalistes baignant dans une colorisation sépia. Le côté authentique est bien exprimé dans ces vignettes où se croisent bon nombres de personnages ô combien angoissants. Les extérieurs new-yorkais sont frappant de vérité et témoignent d’un gros travail de restitution minutieuse. La face angélique d’Anthony s’oppose extraordinairement à sa volonté d’en découdre avec la mafia. Du grand art, quoi !

Si les ogres ont faim de pouvoir, le petit poucet a soif de vengeance. Malheureux sont les invités à ce déjeuner spécial où la table s’étale sur des kilomètres carrés. A consommer sans modération malgré la prohibition !

Par Phibes, le 20 mars 2008

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