CUERVOS
Requiem

Les enfants de Joan Mendez ont maintenant bien grandi. Ernesto doit avoir une quinzaine d’années et sa sœur, Alexia, quelques-unes de plus. Après tout ce temps pendant lequel chacun a suivi son bout de chemin, Beatriz, la mère, vient à décéder du cancer qu’elle savait avoir depuis longtemps.

Joan, à qui elle l’avait caché, est effondré. Bien qu’il ne la traitait pas toujours avec toute l’affection et l’attention qu’elle méritait, il accuse très mal le coup et du jeune requin qu’il était, il se mue en un vieil ours irascible. Maintenant âgé, grossi, le cheveu rare, il reste néanmoins une personnalité politique incontournable et, en parallèle, un puissant chef du cartel de Medellin.

Alexia, sa fille, est revenue pour les obsèques de sa mère d’Europe où elle a brillamment fini d’importantes études. Son frère, lui, pense plus à aller s’amuser qu’à s’intéresser aux affaires de son père. Ces deux enfants longtemps séparés s’aiment même s’ils s’avouent très mal se connaître. Il faut dire qu’en plus, ils n’ont pas eu les mêmes chances dès le début…

En plus du chagrin, la maladie d’Alzheimer a fondu sur Joan. Celui-ci semble se laisser aller, partir à petits feux. Cependant, il faut toujours s’en méfier : il reste le boss et ses colères peuvent encore facilement valoir la vie au malheureux qui se trouverait alors sur son chemin !

"Claro", le cartel a besoin de sang neuf à sa tête. D’autant que "Le Mexicain", chef d’un autre cartel, pourrait bien profiter de la situation… Mais est-il pour autant le seul en lice ?
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

2 avis sur CUERVOS #4 – Requiem

On aurait presque poussé le pauvre gosse des rues à agir comme il l’a fait, dans les premiers tomes. Puis, en le voyant au tome 3 se métamorphoser en une personne de plus en plus détestable, imbue d’elle-même, au dessus de tout, on avait fini par trouver Joan Mendez antipathique. Mais c’est toujours difficile de vouer de la haine à l’égard d’un gamin que la vie n’a pas aidé. Voilà que dans ce quatrième tome, on retrouve un Joan vieilli, plus renfermé que jamais. Enfin, on va pouvoir le haïr sans s’en vouloir… Et bien non, et en fait c’est maintenant plus de la pitié qu’on ressent pour lui.

Sa fulgurante ascension devait prendre fin. On le savait. Mais on ne savait pas trop comment, ni à la faveur de qui.

Ce superbe tome 4 (clôturant le cycle) répond à ces questions. Cet album ne déroge pas à la règle et reste aussi fort, aussi prenant et aussi majestueux que les précédents. Cuervos est vraiment une série que j’adore. Les personnages, les couleurs, le dessin, tout ! Si on avait pris ces éléments les uns à côté des autres, on aurait peut-être été sceptiques quant au résultat mais la fusion du tout donne une véritable œuvre d’art.

Une fois encore, les auteurs nous proposent des planches originalement composées. Durand se régale toujours autant à nous dessiner des perspectives et des points de vue acrobatiques ou des mouvements décomposés. C’est toujours très bien fait : bravo !

En guise d’épilogue, un texte nous saute à la figure. Trois mots : Medellin, Colombie, aujourd’hui. Ils font prendre conscience que la Colombie n’arrive pas à se défaire des trafics, des enlèvements et de la corruption qui la minent. C’est triste. Mais ils nous laissent aussi espérer, en tant que lecteurs, que les auteurs vont peut-être choisir de nous raconter l’histoire de "la relève" de Joan Mendez. Moi, j’en rêve.
 

Par Sylvestre, le 11 mai 2006

Dernier album, à ce jour, de cette série qui nous a montré l’ascension de Joan, ce grand patron du cartel colombien, issu de la rue, devenu assassin et ayant monté tranquillement un à un les échelons pour devenir le big boss. Le petit Joan n’est plus ce jeune garçon rebelle, avachit sur une chaise, qui ne sait pas trop ce qu’il veut dans la vie, non il est devenu un vieil homme, maintenant, amer et perdant la boule devant une jeune génération qui, par contre, sent le vent tourner et décide de prendre les devants. Car Cuervos ça n’est pas seulement la vie d’un personnage, c’est aussi l’histoire d’une famille, d’un monde qui s’ancre dans un pays, qui le ronge, qui s’installe pour durer, et dans ce monde, les personnages ne sont pas là pour durer, mais pour juste passer. Alexia en a bien conscience quand elle regarde ce père qui continue de l’ignorer en dirigeant le pays, elle est intelligente, vive et surtout… prête à tout !
Cuervos se conclue donc comme une sorte de cycle, en perpétuel recommencement. C’est toujours aussi remarquablement écrit, toujours la même claque graphique et nous nous retrouvons encore une fois, en refermant la dernière page devant le sentiment d’avoir vécu une véritable expérience de lecteur. Un très grand moment;
Très fortement conseillé en tout cas !

Par FredGri, le 27 mars 2009

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