CROISADE
Le maître des machines

Venu pour négocier le ralliement des Juifs de Saramande à sa cause, Gauthier de Flandres se doit d’affronter le AA pour obtenir la libération de ce peuple et son appui dans la lutte contre Ab’Dul Razim et les siens. Alors que le dignitaire arabe est tourmenté par sa jeune captive chrétienne Syria d’Arcos à l’intérieur des murs de Hiérus Halem, par ailleurs, Robert de Tarente, marqué à jamais par le Qua’Dj, doit se soumettre au jugement de Dieu pour asseoir son pouvoir. Pour ce faire, il est défié par le Maître des Machines qui voit là l’occasion de démontrer son omnipuissance. Au regard des terribles affrontements qui se préparent, le périple en Terre Sainte prend des allures guerrières marquées par l’emprise des démons.
 

Par phibes, le 1 janvier 2001

Notre avis sur CROISADE #3 – Le maître des machines

La Croix et le Croissant sont à nouveaux réunis dans la suite des péripéties ayant trait à la troisième Croisade vue par le mirifique auteur qu’est Jean Dufaux. Ce dernier, fort inspiré par l’univers enchanté des Contes des mille et une nuits, nous fait pénétrer dans une dimension que lui seul maîtrise, à savoir le fantastique à l’état pur.

La troisième croisade dont le scénariste nous en rappelle judicieusement les faits en préambule, se transforme donc progressivement en une quête douloureuse, faite de violences physiques et morales. L’aura divine est éclipsée par l’omnipuissance démone qui s’étale sur des êtres de chair et de sang et les transforme en de véritables carcasses désarticulées ou en machines à tuer. La violence machiavélique devient le maître mot de la quête qui vient entacher de sang et d’os broyés les splendeurs de l’Orient.

Jean Dufaux a le don de durcir à volonté ses ambiances et à les plonger dans des malstroms de souffrance qui noircissent pesamment les péripéties. De fait, toutes sortes de sentiments jaillissent de ses dialogues ampoulés et allégoriques, de la trahison à la lutte fratricide, de la soif de pouvoir absolu à l’orgueil destructeur… Il y ajoute un zeste d’amour dangereux, semble-t-il, pour adoucir la sauvagerie ambiante.

L’épisode présent qui vogue sur plusieurs orientations est d’une force considérable. Certes, la complexité des nombreux messages qui s’en échappent est avérée mais n’occultera pas pour autant le rôle de chaque personnage-clé (ici, le Maître des Machines). La magie démoniaque est imposante, tortueuse et devient le reflet d’un récit contrasté, ombrageux et lumineux.

Le superbe travail de Philippe Xavier cautionne parfaitement celui de Jean Dufaux. Son univers graphique dégage une beauté diabolique, mettant en scène des personnages auréolés d’une puissance charismatique extraordinaire. Ces dessins pointus peuvent se révéler, dans leur appréciation, à la fois empreints de dureté et de douceur. Ce contraste est magnifiquement entretenu et se ressent également dans les décors d’une grande richesse. On sent le dessinateur passionné dans ses recherches de plans qu’il restitue dans une aura fantastique des plus probantes. A noter que les couleurs bien à propos de Jean-Jacques Chagnaud ont également une part de responsabilité dans la beauté picturale de cet ouvrage.

"Le maître des machines" est la suite d’une belle épopée, terrorisante à souhait, menée tambour battant et épée hors du fourreau par des auteurs au faîte de leur talent.
 

Par Phibes, le 1 juin 2009

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