CRI DU PEUPLE (LE)
Les Canons du 18 mars

17 mars 1871, Paris, la Police doit s’occuper d’une sordide affaire de meurtres signés d’un oeil de verre, en même temps que Foutriquet (comprenez Thiers) et ses ministres cherchent à s’emparer des canons rassemblés à Montmartre entre autre. Le peuple a faim, les militaires aussi. Pendant la nuit du 17 au 18 mars, l’armée envoie trop lentement les attelages pour transporter les canons ce qui signera leur échec. Dès le début de l’assaut, Turpin se fait tuer, puis la foule se presse et empêche le Général Lecomte de passer. Louise Michel arrive et les lignards de la 88e posent les armes : le peuple et une grande partie de l’armée fraternisent. La Commune remporte la bataille, Thiers fuit à Versailles, deux clans se forment : les communards et les Versaillais. Parmi les communards, on retrouve Victor Hugo, Gustave Courbet, Louise Michel, Jules Vallès, les gagneuses et leurs hommes, bref tout le Paris d’Eugène Sue ou de Victor Hugo.

Par MARIE, le 1 janvier 2001

2 avis sur CRI DU PEUPLE (LE) #1 – Les Canons du 18 mars

« Le cri du peuple » c’est le titre de la série et c’est le titre du journal fondé par Jules Vallès, journaliste et écrivain, grand défendeur de la liberté de la presse au moment de la Commune. Donc nous voilà face à l’adaptation dessinée du roman de Vautrin sur cette période historique. Les faits sont retracés en respectant la chronologie de l’Histoire, et en mêlant les personnages réels ayant existé avec la fiction imaginée par les auteurs.

Quel bonheur de voir les personnages comme Courbet présenter son « Origine du Monde » à ses contemporains en précisant qu’il est content de lui et, ô surprise, en nous donnant le nom du modèle alors qu’en vérité nous ne savons presque rien de cette oeuvre (mais on peut tout faire en bande dessinée : -) , ou d’entendre le parler du petit peuple tellement bien servi par Tardi avec un lettrage admirable. On ne parle pas souvent du lettrage, mais dans cet album, il apporte beaucoup de confort ce qui facilite la plongée dans ce monde inquiétant, menaçant, hurlant sa souffrance Tout est en noir et blanc et la virtuosité du dessinateur est à son comble.
Je n’ai pas lu le livre de Vautrin, mais je suis presque sûre qu’il ne peut pas être aussi bon que cette bande dessinée.

Même si vous n’êtes pas férus d’histoire, vous pouvez ouvrir ce livre sans scrupules, ça se lit comme un roman ou ça se regarde, les dessins étant tellement beaux ! Et puis, pour les Parisiens, voir la place de l’hôtel de ville, les buttes Chaumont ou encore, la butte Montmartre sous le pinceau de Tardi est un régal.
Pour finir, j’ajoute que la maquette est très originale. Voilà un très beau livre qui peut en plus du plaisir être une source de références !
Qui pourra dire alors que la bande dessinée est un art mineur ?

Par MARIE, le 17 mars 2003

De l’Art. Du très grand Art. Un style à part. Un réalisme effarant. On est dedans ! Petit point tout d’abord sur les illustrations : autant de précision que d’humanisme dans les gueules des révoltés, dans les flottements des drapeaux, dans les yeux haineux, et dans les traits désespérés. La précision du coup de crayon est saisissante dans la création des bâtiments (cf p 65) mais l’expression des visages l’est tout autant. Le noir et blanc donne réellement une impression d’authenticité, alors que parfois il peut paraître lourd dans d’autres BD. Son emploi est donc totalement justifié.

Quant aux textes, l’usage du parlé panamien renforce cette même authenticité, bien que parfois, son emploi puisse entacher la compréhension. Mais il ne s’agit pas ici d’une BD que l’on lit en somnolant le soir avant de s’endormir ! C’est que du scénario il y en a ! Les rapports humains sont absolument à suivre attentivement, tout autant que les progressions dans les différentes affaires qui étoffent la base historique.
Les canons du 18 mars, c’est un cri qui doit réveiller tous les sceptiques qui considèrent la BD comme destinée au 5/13 ans et qui se limitent aux certes honorables mais bien classiques Gaston Lagaffe ou Astérix !

Par Ludo, le 10 janvier 2005

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